lundi 17 janvier 2011

Chapitre A bis - G. - 2

L'Union Européenne
Chapitre A :   La puissance économique de l'Union Européenne
Pourquoi peut-on dire que la puissance européenne ne s'exerce véritablement que dans le domaine économique ?
1- Les manifestations (aspects) économiques de la puissance 
        a- Un pôle majeur de l'économie mondiale

        Depuis janvier 2007, l'UE comprend 27 états et presque 500 millions d'habitants. Elle est dans tous les domaines un pôle majeur de l'économie mondiale et réalise un PNB légèrement supérieur à celui des USA.
        - l'agriculture européenne est la 2ème du monde. Elle se caractérise notamment à l'Ouest par le productivisme qui lui permet d'obtenir des rendements souvent exceptionnels (Ile de France, Pays Bas …) D'importantes subventions publiques (PAC) expliquent ces résultats.
       - son industrie s'impose au premier rang mondial (grâce à l'Allemagne) et couvre un large éventail de productions. L'UE occupe une position dominante dans la sidérurgie, la chimie, l'automobile grâce à des efforts constants de modernisation et de restructuration. Elle s'affirme également dans les industries de pointe comme le nucléaire (Areva), l'aéronautique (Airbus), les biotechnologies … Elle accuse toutefois un certain retard dans l'information et les NTIC. 
        - dans le domaine des services, l'UE témoigne d'un dynamisme révélateur d'une économie "post-industrielle", informationnelle. A côté des transports, du tourisme et du commerce, les services de la recherche, de la finance(FIRE). Elle est le 1er pôle touristique mondial.
        Les FTN européennes ont comblé leur retard. Du fait de délocalisations massives, elles sont aujourd'hui présentes dans le monde entier. Elles comptent désormais parmi les plus dynamiques et importantes sans parvenir toutefois à remettre en cause la puissance des FTN américaines. 

        b- La première puissance commerciale mondiale


    - L'Union Européenne est actuellement l'espace le plus ouvert et le plus profondément  inséré dans les échanges internationaux. Elle assure presque 40% du commerce mondial à elle seule. Cette pré-éminence s'explique pour l'essentiel par des échanges intra-communautaires qui représentent les 2/3 de son activité (de ces 40% du commerce). Toutefois les européens sont de plus en plus présents sur les marchés mondiaux. Ils réalisent avec l'Alena, leur premier partenaire un important excédent commercial. Les échanges, souvent gravement déficitaires avec la Chine, le Japon et les pays émergents d'Asie prennent de l'ampleur. Compte tenu de sa dépendance énergétique, le solde commercial est particulièrement négatif avec les pays producteurs d'hydrocarbures (pays du Golfe Persique, Russie …) Par ailleurs, l'UE dispose également de liens avec les périphéries mal intégrées, de l'Afrique notamment. Elle tente de s'y forger l'image d'une puissance soucieuse du développement. 
- Sur le plan financier, l'Europe s'est dotée avec l'euro d'un instrument de puissance qui commence à compter face au dollar, au yen et au yuan. Par voix de conséquence, les bourses européennes (Londres, Paris et Francfort) malgré un retard important sur New York ou Tokyo s'imposent comme des centres financiers respectables. Grâce à la puissance de ses FTN, l'UE est devenu le premier pôle émetteur et récepteur d'IDE. Les flux financiers sont largement intra-communautaires et favorisent notamment les PECO.

2- Les fondements et les limites de la puissance européenne
        a- Des atouts (fondements) solides

        La puissance économique de l'UE repose sur de solides fondements. 
   - les traditions d'ouverture, les savoirs-faire, ses capacités techniques et financières sont les héritages de son histoire. L'Europe est en effet à l'origine du processus de mondialisation contemporaine. Elle a procédé à l'unification du monde depuis le 16ème siècle (grandes découvertes, colonisation …) Elle a aussi été le berceau du capitalisme, de la révolution industrielle, des principales innovations scientifiques et techniques. Ainsi, l'Europe se sent-elle théoriquement à l'aise dans le processus actuel. 
    - son territoire s'étend sur environ 4,3 millions de km2. Il est maîtrisé par un très dense réseau de transport moderne et rapide. Celui-ci relie prioritairement les grandes régions urbaines du Nord-Ouest. Toutefois, il s'étend désormais aussi de plus en plus grâce aux fonds structurels aux régions périphériques. Les grands ports (Northern Range) et les plateformes multimodales (Hub : Londres, Paris, Francfort) sont de puissantes interfaces avec le reste du monde. Ils confèrent à l'espace communautaire une très forte accessibilité, facteur essentiel d'attractivité dans l'économie mondialisée.

   - L'UE est avec ses 500 habitants le plus peuplé des pôles de la Triade. Cette population constitue un marché de consommation colossal malgré d'importants contrastes. La main d'oeuvre est des plus qualifiée et des plus productives du monde grâce notamment à des systèmes éducatifs globalement performants et efficaces. Ses centres de rechercher et ses universités sont les plus anciens (Oxford, Bologne) et les plus prestigieux du monde.
   - Enfin, l'approfondissement de l'intégration a considérablement renforcé le poids de l'UE dans le monde. Il a permis la préservation de l'agriculture (PAC) et de multiplier les échanges intra-communautaires. Il favorise aussi les projets industriels communs. Ainsi les succès d'Airbus ou de l'aérospatiale européenne ont mis un terme à l'hégémonie américaine dans le domaine de l'aéronautique. Enfin, l'unification monétaire a pu jouer le rôle positif déjà évoqué plus haut.

        b- Des handicaps préoccupants (limites)

        Toutefois une série de faiblesses limite la puissance économique de l'Europe. 
   - L'UE n'investit pas suffisamment dans la recherche / développement notamment dans le domaine des nouvelles technologies. Cela contribue aussi à une importante fuite des cerveaux vers les USA. Elle ne peut donc pas remettre en cause la suprématie américaine dans l'élaboration et la conduite de la révolution informationnelle. 
   - L'UE est par ailleurs en proie à un vieillissement démographique sans équivalent dans le monde (sauf peut être au Japon). Sa fécondité est devenue extrêmement faible (environ 1,4 contre 2,8 de moyenne mondiale). Les conséquences sont potentiellement catastrophiques : manque de confiance et d'audace, affaiblissement des capacités d'innovation et de consommation, difficultés économiques, financement problématique des retraites. L'immigration apparait comme un recours mais elle pose de redoutables problèmes d'intégration.
  - Elle souffre enfin de manque de cohésion. Elle une adhésion d'états aux intérêts souvent divergents. Sa gouvernance économique et financière reste fragile comme le montre la difficulté à adopter une politique commune pour lutter contre la crise. Un divorce semble apparaître sur la question de l'euro fort entre l'Allemagne et les pays du Nord d'un côté, la France et l'Europe latine de l'autre. 
La construction politique qui pourrait palier à ces divergences a été freinée par le rejet de la constitution européenne de 2005. Il illustre d'ailleurs les réticences de l'opinion publique vis-à-vis de la supranationalité. Faute d'intégration politique suffisante, elle est incapable de développer d'autres aspects de la puissance : elle n'a pas vraiment de diplomatie commune. Son poids stratégique et militaire reste modeste. Elle s'est révélée incapable de résoudre seule de graves conflits sur son propre continent. 
       Même en terme de soft power, les capacités de séduction du modèle européen, plus pacifique, plus social que le modèle américain semblent limitées. Il en va de même de son rayonnement culturel, estimable miasme portée réduite. Au final, l'UE apparait comme une grande puissance, incomplète et hétérogène. 

3- Les contraste spatiaux de l'Union Européenne (ou l'organisation du territoire)
       a- Les pôles dynamiques

        L'espace économique européen est beaucoup plus multipolaire que celui des USA par exemple. Il repose sur un réseau de métropoles puissant et souvent concurrentes ce qui n'a rien de surprenant car il est fragmenté par les réalités nationales. A l'échelle continentale, les pôles les plus dynamiques correspondent aux "coeurs européens" mais aussi aux périphéries intégrées. 
        - Le coeur européen comprend d'abord Londres et Paris, métropoles mondiales. A cela s'ajoute deux systèmes urbains polycentriques : l'Axe Rhénan et l'Italie du Nord. Ils forment des nébuleuses de villes étroitement associées à de puissants métropoles comme Amsterdam, Cologne, Milan … 
Ces 4 ensembles fonctionnent en réseau, ils constituent un véritable centre directionnel abritant de puissantes places financières. Ils attirent les sièges des FTN européenne à la recherche des synergies. Surtout, de gigantesques infrastructures de transport assurent une accessibilité optimale. Londres est ainsi la première plateforme aéroportuaire mondiale. 
        - les périphéries intégrées qui l'entourent présentent également des foyers de dynamisme importants. Ils sont polarisés par des grands centres comme Barcelone, Madrid, Munich ou Hambourg. A cela s'ajoute la plupart des capitales politiques, même celles qui sont éloignées du coeur (Lisbonne, Athènes, Varsovie …) Elles conservent en effet des pouvoirs de commandement nationaux importants. 
Ces périphéries se trouvent toutefois dans une situation de dépendance au moins relative notamment en matière de décision et d'investissement. C'est ce qu'illustre le cas de l'Irlande qui a bâti en partie sa réussite sur du dumping social. Elle subit plus durement encore les effets de la crise financière de l'automne 2008.

        b- Les zones de faiblesse

        Certaines périphéries souvent éloignées du centre apparaissent comme des zones de faiblesse. Elles connaissent souvent des contraintes naturelles fortes(froid, sécheresse). Ainsi le nord de la Scandinavie et la Grande Bretagne sont aujourd'hui marginalisés dans l'économie européenne. Avec une population vieillissante, ces régions accueillent des activités traditionnelles en déclin. Les régions ultrapériphériques  (Açores, Antilles) sont particulièrement pénalisées.
        A une échelle plus grande, on constate que les régions dynamiques possèdent aussi des espaces en crise. Ce sont d'abord les régions rurales enclavées (Massif Central, Ardennes) mais aussi les vieux bassins miniers en crise (Nord Pas de Calais, Borimage…) Surtout, des quartiers délaissés apparaissent au coeur même des métropoles prospères. 
La politique européenne des fonds structurels vise à renforcer la cohésion du territoire. Elle organise transports financiers des états riches vers des états et régions en difficulté. A cela s'ajoute la coopération transfrontalière, développée par le programme Interreg. Il encourage l'approfondissement de l'intégration économique des européens. 

        c- Les espaces en transition

        Les nouveaux adhérents d'Europe centrale et orientale, ex communiste (mai 2004 et janvier 2007) n'ont pas achevé leur transition vers une économie de marché prospère. Leur système productifs présente d'importants retards structurels, par exemple : la surreprésentation de l'agriculture ainsi que celle du secteur primaire est encore très importante (20% des actifs en moyenne) et les servies sont sous-représentés (50%). Aussi, l'écart de développement avec le reste de l'UE reste-t-il considérable.
        Toutefois du fait des mutations en cours et de l'afflux d'IDE leur économie s'intègre progressivement à la mondialisation. La construction d'infrastructures de transport rapides favorisent leur échange, notamment au sein de l'UE. Elles risquent néanmoins dans un premier temps de fragiliser certains secteurs peu rentables de leur économie (agriculture + industrie lourde). 
        Les nouveaux adhérents présentent d'ailleurs une grande homogénéité de situation. La Slovénie et la Tchéquie devancent largement les autres. A l'échelle régionale, les disparités ont tendance à s'accentuer. Les capitales (Prague, Bratislava, Budapest…) et les régions proches du coeur de l'UE captent l'essentiel des investissements. Les régions éloignées ou en crise sont de plus en plus marginalisées (Slovaquie ou Hongrie de l'Est). 
Environ 80% des fonds structurels européens doivent être consacrés au développement de cette nouvelle frontière de l'Europe.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire