samedi 20 novembre 2010

Chapitre A - H.

 Chapitre A :  Le monde en 1945

Pourquoi l'année 1945 constitue-t-elle la césure majeure du 20ème siècle ?

1- Le bilan de la guerre : un désastre sans précédent
a- Une hécatombe sans précédent

        La seconde GM a été totale et réellement planétaire. Elle est le conflit le plus meurtrier de tous les temps. On compte 55 à 60 millions de morts dont une moitié de civils (génocide des juifs, bombardements …) Europe de l'Est : particulièrement touchée : 25 millions de morts en URSS, 6 en Pologne …
A cela s'ajoutent les pertes indirectes dues à la sous alimentation, aux épidémies (choléra, typhus, tuberculose …) Sans compter le déficit des naissances.
En 1945, le monde connait de gigantesques mouvements de populations : 
- + de 10 millions d'Allemand fuient devant l'Armée Rouge, ou sont expulsés de Pologne ou de Tchécoslovaquie (Sudettes).
- 7millions de Japonais sont chassés du Mandchourie et de Corée. 
b- Un amoncellement de ruines 

Le bilan matériel est catastrophique. La production industrielle a été divisée par 2 en Europe. Quant aux destructions, elles sont immenses. ( URSS : 1700 villes et 70 000 villages ont été détruits. Plus de 70% des bâtiments de la Ruhr ont été rasés.
Le coût de la guerre est colossal. La dette de la Grande Bretagne a été multipliée par 3, celle de l'Allemagne, par 10. La facture financière apparait d'ailleurs comme un obstacle majeur à un relèvement. Le mauvais ravitaillement, le rationnement, et le marché noir vont persister encore un certain temps. Le retour au quotidien reste donc extrêmement difficile, notamment au centre du continent. Pour l'Allemagne en plein chaos, c'est " l'Année 0 ".

       c- Un traumatisme moral

Plus encore que pendant la 1ère GM, l'ingéniosité du monde occidental a été mise au service de la tuerie de masse. Camus écrit ainsi après Hiroshima : " La civilisation occidentale vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie.
La découverte du système concentrationnaire, les collaborations, les compromissions et l'ensauvagement des affrontements militaires amènent les européens à s'interroger  sur leurs responsabilités.
       Un sentiment de culpabilité durable balaye les certitudes et le contentement de soi. Pour empêcher le retour à la "barbarie", un tribunal international est organisé par les vainqueurs à Nuremberg ( et à Tokyo). Il juge les responsables nazis ou japonais pour " crimes contre l'humanité ". Cette notion juridique nouvelle punit un large éventail de crime, dont celui de génocide.

2- L'espoir d'un monde nouveau
a- Un désir forcené de renouveau

      La fin de la guerre bouleverse le champ politique et idéologique. Les fascismes sont durablement discrédités. Le mouvement communiste tire son profit du prestige immense de l'URSS er de son engagement dans la résistance. Il connait presque partout une forte progression notamment en France et en Italie.

communisme + démocratie libérale fascismes
La victoire apparait également comme celle de la démocratie libérale dont le prestige avait été fortement altéré par la crise des années 30. Elle retrouve toute son influence mais elle se doit désormais d'être sociale : il lui faut protéger les individus face aux aléas de l'existence (maladie, vieillesse, chômage). On croit désormais aux vertus d'un état interventionniste, d'un Etat Providence (Welfare State) et à celles de l'économie dirigée : cela se traduit par de nombreuses nationalisations, la création d'organismes comme la sécurité sociale. Ces aspirations conduisent à une forte poussée de la gauche, ainsi, Churchill, lui même  est battu par le travailliste Attlee en juillet 1945.

b- Les accords de Bretton Woods

( crise + protectionnisme = Hitler = guerre )
Les alliés (anglo-saxons) estiment que la guerre résulte largement de la crise des années 30, du protectionnisme et des désordres monétaires (les monnaies n'avaient alors pas de taux de parité fixe).
Pour restaurer la coopération monétaire, les USA et 44 autres pays signent les accords de Bretton Wood en juillet 1944. Ils s'engagent à définir la valeur de leur monnaie par rapport au dollar indexé sur l'or et à maintenir une parité fixe.
Pour veiller au bon fonctionnement du système et relancer l'économie mondiale, un Fond Monétaire International est crée. Chaque pays verse sa part et peut emprunter en cas de besoin. La Banque Mondiale (BIRD) complète le dispositif. Elle accorde des prêts à long terme pour des projets d'infrastructure. 
L'expansion du commerce international, visant à garantir la paix, découle des mesures prises, surtout en octobre 1947, lors des accords de Gatt qui interdisent toute mesure protectionniste visant à restreindre les échanges.
Tous ces accords consacrent la supériorité des USA, 1ère puissance économique mondiale et du dollar, seule monnaie convertible en or.

c- Les Nations Unies

Dans le domaine des relations internationales, les angles saxons souhaitent un nouvel ordre basé sur un système de sécurité collective efficace. Il s'agit de transformer l'alliance militaire des Nations Unies en organisation de paix plus crédible que la SDN. Les principes fondamentaux ont été esquissés par la Charte de l'Atlantique signée en 1941 par Roosevelt et Churchill. Les conférences de Téhéran en novembre 1943, mais aussi de Yalta en février 1945 permettent de rallier les Soviétiques au projet.
L'ONU est officiellement crée lors de la conférence San Francisco (avril-juin 1945). La charte de l'ONU affirme la volonté de ses membres d'instaurer un monde nouveau, meilleur, pacifique et ouvert. L'ONU dont le siège est fixé à New York se compose de 3 institutions 
- l'assemblée générale ou chaque état membre dispose d'une voix,
- le conseil de sécurité, où se trouve le véritable pouvoir et composé de 11 membres, dont 5 permanents : USA, URSS, Grande Bretagne, Chine, France qui constituent un véritable directoire et possèdent chacun un droit de véto.
- le secrétaire général élu pour 5 ans sur proposition du conseil de sécurité.
( Churchill défendit la place de la France au sein des 5 membres permanents parce que face à l'URSS et aux USA qui comptaient dissoudre les colonies, il pouvait ainsi faire bloc avec la France avec laquelle il partageait des intérêts dans ce domaines.)

3- Le nouvel ordre international
a- Les nouveaux " Grands "

Les puissances européennes sont les principales victimes de la guerre : l'Allemagne et l'Italie ont même perdu jusqu'à leur propre souveraineté. Les pays théoriquement victorieux - Grande Bretagne et France - sont ruinés. Les empires coloniaux sont menacés par l'essor des mouvements nationalistes même s'ils l'ignorent encore, et ils ne peuvent donc plus espérer jouer de rôle mondial.
Le nouvel ordre international est donc dominé par les deux vainqueurs, par les deux "supers grands" :
- L'URSS a été saignée à blanc mais dispose de la première armée du monde. Son rôle décisif dans la victoire lui donne un immense prestige. Partout dans le monde, elle bénéficie du soutien de millions de communistes. Son modèle politique est alors à l'apogée de son rayonnement.
- Les USA sont en fait déjà la plus grande des puissances. Leur territoire a été épargné et les pertes militaires sont limitées. Ils contrôlent l'arme nucléaire et possèdent une flotte et une aviation sans rival. Ils disposent surtout d'une suprématie économique et financière jamais vue dans l'histoire. Incarnation même de la démocratie libérale, les Etats Unis bénéficient d'un grand prestige lié à leur prospérité matérielle. L'American way of life fascine déjà le monde dévasté.

b- Les espoirs de la conférence de Yalta
Puissances présentes : URSS, USA, GB. Représentants : Staline, Roosevelt, Churchill. Se déroule en février 1945 alors que l'Allemagne n'a pas encore capitulé. Choix de la station balnéaire de Yalta : idée des Soviétiques, peut être est ce dans un rapport de force qui leur est favorable.
Décisions prises : 
- Allemagne : - jugée responsable de la guerre et de crimes sans précédent.
      - privée de sa souveraineté, et occupée militairement par les 3 puissances victorieuses et peut être la France.
      - administration chargée d'éradiquer nazisme + militarisme prussien.
      - vainqueurs exerceront pouvoir de justice contre criminels de guerre : nazis civils ou militaires.
- Initiative anglo-saxonne : fonder les Nations Unies (conférence de San Francisco, 25 avril 1945) projet esquissé par Roo. et Chu. dans Charte de l'Atlantique, dès 1941.
mettre sur pied organisation de sécurité collective pour garantir paix par la négociation, l'arbitrage et éventuellement la force. Souhaite empêcher retour aux dérives des années 30 auxquelles SDN avait été incapable de s'opposer.
- Reconstruction de l'Europe : s'appuie sur " Déclaration sur l'Europe libérée ".
Puissances victorieuses s'engagent à permettre aux peuples libérés de disposer d'eux mêmes, de choisir leurs institutions (suppose élections libres rapides). 
Yalta ne marque pas le partage de l'Europe.
Staline : ne respectera pas engagements : dans tous les territoires libérés par Armée Rouge, communistes sont placés aux postes clés et l'opposition pro-occidentale peu à peu éliminée. = une des origines Guerre Froide.

c- Les fissures de la Grande Alliance

Les rapports entre soviétiques et anglo-saxons vont pourtant se dégrader rapidement. Dès mai 1945, Churchill évoque un " rideau de fer " qui s'est abattu sur  l'Europe de Stettin à Trieste. Truman, successeur de Roosevelt, est également plus méfiant vis à vis de l'URSS. Ainsi la conférence de Potsdam qui suit celle de Yalta en juillet 1945 ne répond à aucune des questions mises à l'ordre du jour. Staline est ulcéré par l'arrêt du prêt bail et se méfie de l'influence grandissante des USA. Ceux ci reprochent aux soviétiques d'effectuer des démontages d'usines allemandes vers l'URSS. Mais surtout ils les accusent d'éliminer l'influence occidentale en Europe Centrale, notamment en Pologne au profit des communistes et d'ignorer ainsi la déclaration sur l'Europe libérée.
Ces tensions mettent en évidence la fin de la Grande Alliance.

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