CORRIGÉ DE LA PENSÉE 320 DE PASCAL
Les variations du « juste » dans l’espace (mais aussi dans le temps) :
La justice se veut universelle et nécessaire, mais nous la voyons particulière et contingente. Elle dépend des séparations géographiques, par exemple un besoin de faire autrement que le voisin.
Voir aussi 294, l2 : caprice, c’est-à-dire l’arbitraire d’une volonté qui est imprévisible pour le sujet lui-même.
Les peuples vivent sur des conventions : la première est de se soumettre aux lois, aux mœurs, aux usages du pays où l’on se trouve (même en qualité d’étranger). Il s’agit d’une véritable mosaïque de pratiques très diverses : elle déploie une « remarquable fantaisie », c’est-à-dire une activité de l’imagination, qui se moque de toute règle, c’est-à-dire qui ne distingue pas entre régulier et irrégulier. Et pour cela, la convention s’appuie sur des riens, par exemple des données indifférentes (un côté ou l’autre de la rivière) ou encore des distinctions propres à l’astrologie, voir le zodiaque. Bref, rien qui touche à une science, c’est-à-dire une connaissance authentique.
« Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au delà ».
Problème : les hommes sont pris dans une contradiction : d’une part, ils voient que nos lois sont contingentes et particulières. D’autre part, ils veulent croire qu’il existe non pas une justice plus forte, mais bien LA justice c’est-à-dire la référence. Et cela sous la forme de « lois naturelles ».
L’histoire humaine nous offre des exemples de touts. Et elle a présenté comme acte de vertu tel ou tel crime = notre histoire a tout justifié. Conclusion : si l’on justifie tout, on perd toute sensibilité au mal, et alors, il ne faut plus parler de justice.
D'où trois thèses sur l'essence de la justice :
1- La force des lois
2- Le bon plaisir, l’arbitraire
3- La coutume, c’est-à-dire l’usage, les usages.
C’est le trois qui nous inspire une certaine foi, c’est-à-dire une pratique contingente qui devrait passer, mais elle s’impose, elle persiste, elle fait de nous comme des fidèles. Et pourquoi ? Cela pour une seule raison : nous la respectons, non pas parce qu’elle porterait une certaine rationalité, mais parce qu’elle existe.
Nous butons sur un faux problème : nous croyons que les lois redressent les torts. La loi n’a qu’une valeur : son existence. Si nous lui prêtons une autre valeur, par exemple une justice absolue, une raison supérieure, nous capitulons devant l’imagination, c’est-à-dire « cette puissance trompeuse, maîtresse d’erreurs et de faussetés ».
Elle nous fait prendre pour réel ce qui n’existe pas.
Conclusion : il faut cacher la vérité au peuple pour tuer toute forme de soupçon : c’est-à-dire un peuple trompé mais fidèle à la loi sera toujours fiable, loyal et obéissant. D’où la perpétuation de la société, c’est-à-dire la paix. Mais un peuple qu’on veut désabuser ne peut pas savoir que faire de ses lumières. Du coup, ce peuple entrera dans la dispute, c’est-à-à-dire la confrontation, la dissension.
Paragraphe 295 : « Le cœur de l’homme est plein d’ordure ». Pascal.
Le péché originel a fait de nous des égoïstes. Chacun privilégie son moi = chacun veut s’approprier, même le plus dérisoire. D’où l’usurpation, c’est-à-dire je prétends à un bien qui ne me revient pas = négation de la justice (donner à chacun son dû).
Paragraphe 298 : La justice nous oblige (rapport moral), la force nous contraint (rapport physique). La justice a besoin d’une effectivité. La force a besoin d’une moralité (qui la justifie). Il faut les concilier sous la forme la plus raisonnable. Or, on ne trouve pas deux individus pour s’accorder sur la justice, alors que tout le monde reconnaît la force.
Conclusion : les hommes n’ont pas pu fortifier la justice. Ils ont donc justifié la force.
NB : paradoxalement, Pascal serait un des premiers théoriciens de l’idéologie. Il en fait la critique de façon limitée mais réelle. Il dénonce l’ordre établi comme un désordre établi.
Paragraphe 304 : nous avons deux cas de dépendance par le respect :
a- d’une manière générale, c’est-à-dire sans faire acception de personnes, nous sommes liés par des cordes de nécessité.
b- Quand il s’agit d’une personnalité particulière, d’une soumission à une ou plusieurs lois : c’est-à-dire il faut qu’une hiérarchie nous préserve de l’anarchie.
Problème : nul n’obéit à une « autorité en général ».
Conclusion : il faut que les autorités particulières puissent persuader le public et du coup notre esprit est porté à justifier l’arbitraire pur, c’est-à-dire prêter un sens à ce qui n’en a pas (= travail de l’imagination).
Par exemple : en France, c’est le gentilhomme qui peut accéder aux affaires comme la magistrature etc … mais en Suisse, c’est interdit.
D’où la mise en scène des privilèges, c’est-à-dire le costume, le décorum.
Problématisation : l’autorité politique n’offre-t-elle pas le spectacle d’un pouvoir qui s’exerce arbitrairement, et a toujours raison de tout ?
Réponse possible : le paradoxe du pouvoir s’éclaire, selon Pascal, quand on comprend que l’arbitraire s’impose non pas par ce qu’il ordonne mais parce qu’il ordonne. Nous aurons à nous demander si la volonté de faire régner par « quelque chose d’incontestable » ne surestime pas le pouvoir pour cela seul qu’il est sans raison : l’ordre n’est pas en toute matière politique.
Pensée 326 : Il ne faut pas détromper le peuple, le désiller. Il faut l'entretenir dans l'illusion d'une soumission fondée. La justice donne à chacun son dû c'est-à-dire elle donne la soumission au peuple = la condition de la paix et d'un certain bonheur.
Le mouvement du texte se compose d’un premier temps qui livre une constatation et d’un second temps qui en propose l’explication. Pascal constate que l’arbitraire pur a triomphé, et cela contre l’évidence du droit et de la raison. Après quoi il remarque que ce même arbitraire peut décider et par là se fonder, donc se justifier, c’est-à-dire devenir juste.
La coutume présente de parfaites folies qui constituent comme une seconde nature. Ce sont nos pratiques, nos usages, « notre culture ». Bref, le « monde », l’espace que les hommes composent. D’où le rôle que joue notre histoire (« deviennent »), c’est-à-dire nos pratiques ne sont pas des données immuables, des essences, elles varient, se défont et se refont. Et surtout, certaines résistent à l’épreuve du temps. Et du coup, elles peuvent vaincre la folie des hommes qui se neutralise elle-même et se stabilise en se limitant (l1-2). Il s’agit des hommes et non de l’homme, c’est-à-dore ce qui l’emporte, c’est une infinie diversité, et non un effet de norme spécifique. A la limite, l’homme n’existe pas, mais nous voyons des hommes et toute leur bigarure.
« Tot capita, tot sensus ». (comparaison n’est pas raison ???)
A ce moment, apparaît l’arbitraire en personne. La question du choix qui retient la personnalité habilité à gouverner.
Les hommes sont d’une infinie diversité. Ils se distinguent qualitativement, et aucun dénominateur commun n’apparaît. D’où la question de l’excellence, ou mieux, l’éminence. Le pouvoir doit revenir à celui qui a le plus de raison, c’est-à-dire qui décidera le mieux. Exercer le pouvoir, c’est gouverner, c’est-à-dire maîtriser le déplacement d’un vaisseau sur un océan de contingences. Pour cela, il faut une compétence de type professionnel (un métier). D’où la notion du « capitaine’ : celui qui est à la tête.
Que faut-il savoir pour gouverner ce vaisseau qu’est l’Etat ? Fait-il mieux connaître le bien commun ? Ou alors les hommes ? Mais qui peut le prétendre ?
D’où l’analogie brisée :
Conclusion : il n’existe pas d’éminence politique fondée sur la naissance (« la meilleure maison) ». Le dauphin est « primus inter-pares ».
Problème : comment identifier le prétendant légitime ?
Paragraphe 2 : explication de cet état de fait. Nos pratiques sont déraisonnables, c’est-à-dire absurdes. Mais au fond, c’est une pure apparence. Très souvent, le pouvoir appartient à un individu dont la compétence est fort douteuse. Il la tient de sa naissance. Peut-on en faire un argument et prétendre aux avantages les plus prestigieux c’est-à-dire à la reconnaissance la plus élevée ?
Réponse de Pascal : en faire une loi, serait avouer l’absurde et le professer. On autoriserait, c’est-à-dire on donnerait autorité à un certain ridicule (surestimation de soi, ce qui fait un sot), mais aussi à une réelle injustice).
Voir Ulpien : « être juste, c’est donner à chacun son dû ».
Pascal – Pensée 414 : « Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie que de n’être pas fou ».
Nous sommes tous corrompus par le péché originel, et du coup, chacun surestime son moi. Nul n’a le sens des proportions. La valeur des choses nous échappe, nous ne pouvons pas penser, c’est-à-dire juger = peser. Ne prétendons pas à une sagesse inaccessible. Assumons notre folie et sachons autoriser l’arbitraire : nul ne peut être chef, mais il en faut un. Notre histoire n’est que le mouvement par lequel l’absurde se justifie. Cette loi devient « raisonnable et juste ».
Deux exigences feraient l’homme de pouvoir digne de ce nom. D’un part, la vertu, c’est-à-dire la moralité (la réduction de l’orgueil). D’autre part, une disposition technique qui identifie les moyens propres à réaliser cette fin. Cette situation conduit à une sorte de guerre de chacun contre chacun qui évoquerait l’ultime dégradation de l’état de nature chez Hobbes. Nous serions dans une phase pré-juridique et régressive, c’est-à-dire avant tout établissement humain, et en manque de cet établissement.
D’où la recherche de l’ « incontestable », c’est à dire ce qui met fin à toute « dispute » (discussion compliquée en querelle).
L’usage établi se porte sur le dauphin par filiation, « fils ainé du roi ». La filiation est un fait positif. Et du coup l’arbitraire est devenu un ordre comme un commandement.
Conclusion : la raison ne peut pas dépasser cette limitation de la folie. Elle en tire même une folie assagie : l’homme ne peut pas atteindre progressivement la sagesse, mais il peut limiter sa folie. Pourquoi ? Il lui suffit de rappeler le spectre de la guerre civile, c’est-à-dire le frère qui tue le frère, et alors nous voyons que tout est bon pour le conjurer. (l’ordre public vaut mieux que toute tentative pour raisonner à contre-sens. Nous pouvons toujours contester les institutions et le pouvoir, mais le risque est grand d’abolir l’état civil et d’avoir à supporter l’état de nature, la grande régression.
Critique : ce qui compte, ce n’est pas ce que décide le pouvoir, mais le fait qu’il décide. Du coup, il nous faut un pouvoir plutôt qu’une liberté illimitée et en cela tout tiers est exclu, c’est-à-dire ce sera soit le pouvoir absolu dans la monarchie héréditaire de droit divin, soit l’anarchie.
On peut se demander si Pascal ne réduit pas la justice à l’ordre. Pascal ne dit rien de ce verbe qu’il utilise deux fois : qu’est-ce que le «devenir » humain ? L’auteur ménage une ambiguïté autour de l’idéologie, c’est-à-dire un système de représentation visant à justifier un état de fait (historique, social, culturel).
par exemple : la monarchie héréditaire est l’idéologie de la féodalité.
A l’origine, une domination s’établit, mais en même temps, un pouvoir arbitraire occupe les lieux et profite de la situation. D’où l’oppression et l’exploitation. Pour Pascal, cette origine ne fait qu’un avec la déraison, la folie des hommes, c’est-à-dire un sage pourrait gouverner mais il lui manquera peut-être l’envie de le faire, ou la libido dominande. Mais Pascal dit aussi qu’il faut accepter le déraisonnable, c’est-à-dire ne pas chercher mieux que l’ordre établi. Le texte est une profession de foi conservatrice, c’est-à-dire l’état de fait est contingent, mais sachons le rendre nécessaire. Tout cela est arbitraire, mais justifions le. Le pouvoir ne peut pas revendiquer une fondation autre que le maintien de l’ordre. Il n’est pas légitime en soi, mais nous le légitimerons. D’une part, Pascal a compris ce qu’est l’idéologie. D’autre part, il se plait à habiter cette idéologie et à l’illustrer. D’où notre question : Antigone peut-elle se satisfaire de ce que l’ordre règne ? Peut-elle réduire la justice à la promesse d’une sécurité collective ? Le juste est-il l’urgence de la survie ? Bref, la légitimité se réduit-elle à la légalité ? Réponse : non.
Penser, c’est avant tout refuser de réduire le droit au fait.
Pensée 323 : deux cas :
1- Que vise le curieux regardant les passants ? Réponse : les gens. Il veut "voir du monde", ils "sont là". Bref, on ne vise personne en particulier. Il n'y a donc pas de moi, c'est-à-dire pour le poste d'observation, autrui est un sujet indéterminé.
2- L'amoureux vise l'être aimé, c'est-à-dire quelqu'un en particulier. On s'attendrait à une situation diamétralement opposée. Néanmoins on retrouve presque les mêmes effets, c'est-à-dire autrui = un sujet indéterminé.
On suppose un moi qui existerait au delà de certaines qualités (physiques, morales etc …) Mais, il faut être honnête, c'est-à-dire nommer ce moi de son vrai nom. Ce sujet serait une substance = un support invariable, identique à lui-même et présent sous une multitude d'apparences successives = les accidents (ce qui affecte cette substance).
Or, cette prétendue substance se réduit à une abstraction c'est-à-dire on la détache par une simple illusion de tout ce qui est connaissable.
Double conclusion :
a- le moi n'existe pas autrement que comme pure combinaison de qualités
b- chacun est condamné à l'inauthenticité. Je trompe autrui, et en même temps je me trompe, c'est-à-dire je m'entretiens dans l'illusion que j'existe comme une personne = un sujet unique et irremplaçable. "Chacun se la joue".
Si nous sommes lucides, nous cesserons d'accuser le pouvoir avec ses insignes, ses emblèmes, ses symboles, ses cérémonies extérieures. Bref, la tromperie qu'il organise.
NB : critique possible : Spinoza, le désir constitue son objet dans un mouvement quasi créateur. Pourquoi ? Le désir n'est pas expression d'un manque, mais activité vitale qui affirme une existence en utilisant telle ou telle rencontre comme un moyen pour développer cette même existence.
Pensée 324 : Où est la sagesse ?
Réponse de Pascal : elle ne consiste pas à penser sous la forme de la contestation, mais à suivre le train du monde.
1- Le peuple évite l'angoisse, c'est-à-dire le sentiment de sa propre vacuité en recherchant le divertissement, c'est-dire ce qui détourne l'attention. Il préfère la chasse à la prise, c'est-à-dire l'activité et le changement plutôt que le repos ou l'état. D'où les railleries des "demi-savants" = les demi-habiles, c'est-à-dire les contestataires qui en profitent pour stigmatiser la folie universelle. En fait, c'est bien cette même folie qui "a raison". Les contestataires se surestiment.
2- Il y a une sorte de "sagesse populaire". Il faut un pouvoir et des repères incontestés, même si cette autorité tient par le dehors, c'est-à-dire simple surface sans profondeur.
3- Honorer les conventions sociales, c'est-à-dire ce qui tient le corps politique et le préserve de la dissolution. Pour Pascal les préjugés sont fédérateurs. Il faut avoir déjà jugé pour être à l'abri des erreurs de jugement. Grâce aux préjugés, on pense pour vous.
4- Courir des risques et même les provoquer, c'est-à-dire aller au devant.
par exemple : lancer un défi à l'océan, ou se moquer de l'imagination qui domo le vertige et s'imposer de passer sur une planche entre les deux tours de Notre-Dame.
Pensée 325 : Pascal contre Montaigne : il faut respecter la coutume, mais ne pas lui prêter une pertinence qu'elle n'a pas. Montaigne croit juste cette coutume, le peuple de même. Mais en fait, la coutume n'a qu'un mérite, elle existe. Et du coup, elle comble un vide insupportable (celui du repère introuvable).
Paragraphe 2 : la soumission aux lois repose sur un argument classique : ce qui résiste à l'épreuve du temps est fondé (en raison). Le peuple ne distingue pas entre durée et pertinence. Pour lui, ce qui dure est justifié.
Conclusion : il faut se méfier de la relativité, c'est-à-dire on peut toujours ridiculiser une loi. La contestation consiste à modifier la perspective, c'est-à-dire ce qui paraissait justifié devient aberrant.
Pensée 327 : schéma :
grandes âmes
dévots
habiles habiles
demi-habiles demi-habiles
peuple peuple
Tripartition de la société :
1- Le peuple : il fait un certain ordre social, parce qu'il croit au caractère sacré des lois (1er degré).
2- Les demi-habiles contestent cet ordre, mais ils n'ont pas compris les risques auxquels ils exposent la société = ils se surestiment.
3- Les habiles = ceux qui utilisent au mieux l'ordre social. Ils reconnaissent leurs limites, c'est-à-dire ils savent qu'ils ignorent la vraie justice (absolue). D'où la reprise d'un concept médiéval : la docte ignorance c'est-à-dire l'autocritique la plus poussée : "une ignorance savante qui se connait".
Voir la profession de foi socratique : "je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien".
Pensée 328 : "L'homme est vain" c'est-à-dire il vit dans l'ignorance, il se débat dans le néant, un vide dont il fait quelque chose.
Voir l'imagination, "puissance trompeuse".
D'où une sorte de non-sens qui fait la relative "santé" du peuple, c'est-à-dire la masse ne conteste pas, elle perpétue l'ordre établi. Mais en fait, ce même peuple ne sait pas où est la vérité : il a raison mais pour de mauvaises raisons = il sacralise les lois parce qu'il les croit justes, mais elles ne le sont pas.
Conclusion : en fait, les opinions du peuple sont très "malsaines" c'est-à-dire cette santé des esprits demeure instable.
Pensée 335 : "tout le monde est dans l'illusion"
Le train du monde, la ronde universelle suppose un leurre auquel nous croyons tous. le peuple sacralise les lois. Les demi-habiles les désacralisent. Il reste la "caste" des habiles, c'est-à-dire une société fermée qui ne se fait pas d'illusion mais possède un art très particulier pour se replonger dans l'esprit ambiant et se réconcilier avec les deux autres éléments du corps politique.
Conclusion : Pascal peut dénoncer une illusion parce qu'il la manipule.
Voir 336 ; "la pensée de derrière". Le point de vue supérieur c'est l'ignorance savante qui se connait, c'est-à-dire une pensée qu'on ne livre pas, on la garde pour soi, on ne s'en vante pas. Ce n'est pas bassesse, ni orgueil mal placé, ou surestimation de soi, c'est le fait d'un esprit sans illusion et qui accepte une folie universelle.
Pensée 337 : Conclusion : On peut distinguer 5 niveaux dans la société selon une gradation :
1- Le peuple croit à la valeur objective des gens biens nés
2- Le demi-habile y voit un objet de mépris, ils expliquent les privilèges de la filiation par le "hasard", c'est-à-dire une rencontre fortuite, c'est-à-dire pourquoi tel homme plutôt que tel autre ? Aucune raison de préférer celui-ci à celui-là.
3- Les habiles, c'est-à-dire un apparent retour à l'esprit du peuple, mais en fait, une remarquable distance, ("la pensée du derrière"). L'autorité établie n'a rien en soi pour elle, mais elle a le mérite d'exister.
4- Les dévots : en apparence, ils valent mieux que les habiles puisqu'ils introduisent la notion d'une providence, mais ils méprisent le pouvoir comme un vulgaire exécutant, un simple bras séculier.
5- Les "chrétiens parfaits" rejoignent le peuple mais "par une autre lumière supérieure". L'ordre a quelque chose de divin pour eux.