mercredi 24 novembre 2010

Chapitre B - H.

Chapitre B                                   De la société industrielle à la société de communication


Comment est on passés de sociétés avant tout déterminées par les activités et les techniques industrielles à des sociétés dont les structures et les rapports sociaux sont de plus en plus fondés sur les technologies, la production et les échanges d'informations ?

1- Les Trente Glorieuses
a- Une croissance sans précédent
p 60-61 
Une fois la reconstruction achevée, les PDEM entrent dans une ère de croissance sans précédent : "Les Trente Glorieuse" (Jean Fourastié). De 1950 à 1973 en effet leur PIB s'accroit de 5% par an en moyenne sans interruption majeure. L'industrie est le moteur de la croissance que ce soient les industries de consommation et d'équipement (automobile…) ou les industries de pointe (électronique …) à partir des années 60.
Les démocraties populaires connaissent aussi une forte croissance portée avant tout par une stratégie d'industrialisation massive et planifiée. Les pays du Sud parviennent aussi à en tirer certains avantages. Mais la croissance profite surtout aux pays d'Europe occidentale et au Japon qui bénéficient de l'aide Américaine (plan Marshall) et connaissent un phénomène de rattrapage. On parle même de "miracle" allemand, italien, ou japonais.

b- La base des Trente Glorieuses

Cet "âge d'or" (Madison) résulte de l'essor des échanges, de la diffusion du modèle économique américain et du rôle actif de l'Etat :
- L'expansion des échanges internationaux est un élément d'explication majeur de la croissance. Elle s'appuie sur l'action du GATT (accords généraux sur les tarifs et le commerce) fondé en 1947 en faveur du libre échange. Les négociations de l'Uruguay Round (1963-1976) aboutissent à une baisse de plus du tiers des tarifs douaniers et des taxes. La stabilité du système monétaire basé sur la conversion or-dollar depuis Bretton Woods est un autre élément fondamental. La création d'ententes comme l'OECE (Organisation Européenne de Consommation Economique) permettent la constitution de véritables zones de libre échange.
- Les techniques de gestion (management) et de commercialisation (marketing) inspirées du modèle américain, sont adoptées partout. Les entreprises jouent un rôle clé en menant un effort d'innovation permanent. La mise sur le marché de nouveaux produits crée une offre abondante. L'application du fordisme et la hausse des salaires permettent une production et une consommation de masse.
- Le rôle de l'Etat s'accentue et se diversifie. Mène une politique Keynésienne d'intervention dans l'économie, de nationalisation des secteurs clés (énergie, transports, banques) et de planification indicative. Par ailleurs, la redistribution des fruits de la croissance est favorisée par la mise en place de l'Etat Providence (sécurité sociale …)
La société industrielle connait alors son apogée, c'est le temps du plein emploi, de la consommation de masse, et de l'élévation du niveau de vie.

2- La croissance dépressive (1973 à nos jours)
a- Une croissance ralentie

La période qui suit le choc pétrolier de 1973 est marquée au contraire par un ralentissement de l'activité économique et une forte inflation (stagflation). Le chômage connait une progression continuait touche le secteur industriel. La crise contemporaine n'est pas pour autant une dépression : la croissance se poursuit mais à un rythme moindre de 2% par an environ. Ce sont les services qui deviennent désormais les premiers producteurs de richesse et d'emplois.
La croissance dépressive entraîne une certaine désindustrialisation en Europe, aux USA et au Japon. Mais la Triade maintient ses positions. Les délocalisations profitent à certains pays du Sud comme les NPI ou la Chine. Les ex-pays communistes qui abandonnent le modèle soviétique après 1989 éprouvent quelques difficultés à effectuer leur transition vers le capitalisme libéral. Enfin, certains espaces, en Afrique sub-saharienne notamment sont de plus en plus marginalisés.

b- Les origines complexes de la croissance dépressive

Plusieurs phénomènes expliquent le ralentissement et les variations de la croissance :
- les hausses brutales du prix du pétrole en 1973 et 1979 ont eu des effets perturbateurs en déséquilibrant la balance commerciale des pays industriels fortement importateurs.
- la fin de la convertibilité du dollar en or, en 1971 provoque l'effondrement du système de Bretton Woods. Les monnaies qui ont perdu l'étalon or se définissent désormais selon un "système de changes flottants" favorisant la spéculation au détriment des investissements. Les désordres monétaires rendent les économies plus instables et entraînent une perturbation des échanges internationaux.
- Mais le ralentissement de la croissance révèle surtout l'essoufflement du cycle économique automobile-pétrole-appareils ménagers (2ème RI). Les marchés sont saturés ce qui entraîne la baisse des ventes et de la production. Le modèle nordiste est fortement remis en cause, il est donc nécessaire de relancer l'économie par de nouvelles consommations. Une troisième révolution industrielle, basée sur l'intensification de la mondialisation semble alors devoir s'imposer.

c- Mondialisation et révolution informationnelle : le nouveau modèle de croissance

A la recherche d'une meilleure productivité, les firmes occidentales délocalisent, ce qui aggrave le chômage, notamment en Europe. Cette redistribution à l'échelle mondiale des capacités industrielles explique l'essor des échanges et des flux. On entre véritable dans la mondialisation et la globalisation financière qu'encouragent l'OMC et les organisations régionales (UE, ALENA).
Au même moment, les systèmes de production se transforment en lien avec mes innovations technologiques. Une troisième révolution industrielle basée sur la "nouvelle économie" (révolution informatique …) émerge, où tertiaire et secondaire s'entremêlent. Les technologies de l'information jouent désormais un rôle clé, on parle aussi de "révolution informationnelle".
Parallèlement la conception de l'Etat se renverse. Les traditionnelles mesures de relance keynésiennes, se révèlent impuissantes dans le cadre d'une économie toujours plus ouverte. Des politiques monétaristes se mettent en place à l'instigation de Margaret Thatcher (RU 1979) ou de Ronald Reagan aux USA en 1981. La priorité b'est plus la réduction du chômage mais la lutte contre l'inflation. La voie néolibérale se caractérise avant tout par le désengagement de l'Etat, les privatisations, les dérégulations et la rigueur budgétaire. Ce modèle tend à s'imposer, avec des nuances, un peu partout.
Politique monétariste : politique de l'offre. Retrait de l'état, "néolibéralisme", on cherche à diminuer les dépenses publiques, on favorise les entrepreneurs.

3- Des sociétés en mutation rapide
a- Croissance démographique et mobilité accrue

Population mondiale passée de 2,5 à 6 milliards entre 1950 et 2000. Dans lestais industrialisés, la croissance est forte pendant la période du "baby boom". A partir des années 60, la baisse de la fécondité explique la stagnation démographique et le vieillissement de la population. Situation particulièrement préoccupante dans l'Europe ex-communiste qui connait une transition difficile. Aussi, la croissance démographique profite-t-elle essentiellement aux pays du Tiers-monde qui ont pu bénéficier des progrès médicaux occidentaux et d'une amélioration globale de la situation alimentaire.
L'essor démographique accroit la population active et augmente le nombre de consommateurs. La productivité accrue d'une population toujours mieux formée est d'ailleurs un facteur important de la croissance.
Nombre de migrants : augmente au même rythme que la population mondiale. Inégalités économiques, attractivité des marchés de travail et les troubles politiques sont les principales raisons d'émigration. Amérique du Nord et Europe occidental restent les principales régions d'accueil.
Explosion démographique et migrations ont surtout profité aux villes. On est passé de 30% à 50% d'urbains entre 1950 Et 2000. Mouvement qui alimente surtout aujourd'hui les très grandes cités (phénomène de métropolisation). Celles du Sud connaissent une croissance considérable (Mexico, Bombay, Lagos …) qui se traduit par l'expansion des quartiers sous intégrés (bidonvilles…).

b- Les transformations du monde du travail

Dans les Nords, la relative désindustrialisation et la tertiairisation ont donné naissance à une société postindustrielle. Du fait de la mécanisation et de l'exode rural, le nombre d'agriculteurs a considérablement diminué. "La fin des paysans"  signifie également la fin du monde séculaire et de ses traditions et ses solidarités. Le monde ouvrier a été fortement touché par les reconversions structurelles des années 70 et 80. Ses effectifs ont diminué mais de manière moins significative. Le nombre des actifs du tertiaire, les "cols blancs"  (ingénieurs, techniciens, bureaucrates …) a connu par contre une croissance considérable.
Travailleurs indépendants : devenus minoritaires. Salariés : représentent 80% d'une population active qui s'est largement féminisée. Avec l'allongement des études, les gains de productivité et les acquis sociaux, le temps de travail de cesse de diminuer. Emerge alors une société de loisirs dans laquelle le temps libre est un enjeu central.
Mais ces évolutions restent bien sur inégales. Dans les pays en développement, les paysans restent bien souvent majoritaires. La tertiairisation des économies est bien plus lente.

c- Vers une société duale (société d'inclus et d'exclus)

Les Trente Glorieuses ont été marquées par une progression spectaculaire du niveau de vie. L'Etat providence dans les pays développés à contribué à réduire certaines inégalités. Pourtant les minorités raciales aux USA, les travailleurs immigrés en Europe, et dans une moindre mesure les personnes âgées et les travailleurs ans qualification sont restés en partie à l'écart de la croissance.
Les inégalités se sont accrues à nouveau depuis la crise des années 70. Un sentiment dépressif apparait alors, nourri par l'augmentation du nombre d'exclus. Aux USA, par exemple, le nombre de pauvres passe de 24 en 1970 à 40 millions en 2000. Ainsi se développe une société duale. A un pôle, un groupe de privilégiés sensibles à l'esprit de compétition et à la réussite individuelle se montre capable de saisir les opportunités de la révolution informationnelle. A l'autre pôle, les exclus, et les assistés, démunis et privés de tout espoir de promotion sociale.


4- De la consommation à la communication
a- Le triomphe de la société de consommation

Les pays industrialisés sont entrés dans l'ère de l'opulence à la fin des années 50. La progression du niveau de vie est alors spectaculaire. Encouragée par l'essor de la publicité et les nouvelles facilités de paiement, une société de consommation se met en place. Elle permet à ceux qui en étaient jusqu'alors privés d'acheter voiture, appareils ménager, téléviseurs et logements de plus en plus confortables. La consommation devient alors un symbole de réussite et une valeur en soi. Parallèlement, la conception de l'individu se modifie. Une place grandissante est accordée à la recherche de l'épanouissement personnel. 
La société de consommation et son caractère uniformisant ou les gaspillages qu'elle engendre suscitent  néanmoins des critiques comme le montrent les modes de vie alternatifs des hippies, dans les années 60 …

b- Vers une société de communication

Aujourd'hui la consommation reste plus que jamais le moteur de la croissance. Cele-ci s'ouvre d'ailleurs sur des secteurs de plus en plus larges de la population mondiale notamment dans les pays émergents (Chine, Mexique …) Les acteurs économiques innovent en permanence pour créer des besoins nouveaux et diversifier l'offre.
Les biens immatériels alimentent désormais de plus en plus le champ de la consommation. La révolution informatique du dernier quart du 20ème siècle et les technologies numériques ont conduit à une explosion de la consommation des contenus d'information. Une des conséquences est l'émergence d'Internet. Né aux USA à la fin des années 60, il s'ouvre au public et amorce une vertigineuse croissance au milieu des années 90. Ses utilisateurs sont déjà plus de 500 millions aujourd'hui. Internet permet aussi de consommer par l'accès en ligne de divers services.
La société de communication bouleverse les modes de vie. Elle met en cause par exemple la coupure entre vie privée et vie professionnelle. Le meilleur symbole en est le téléphone portable, permettant d'être joint à tout moment.

c- L'émergence d'une culture mondiale

Avec les progrès fulgurants de la communication et de l'information, une culture mondiale est en train de naître. Les livres, disques, téléfilms sont fabriqués en masse et diffusés sur un marché de plus en plus international. Les biens culturels deviennent ainsi des biens comme les autres et poussent les grandes entreprises culturelles comme CNN ou AOL Time Warner à concentrer leurs efforts sur quelques produits phares adaptables au monde entier. C'est le cas par exemple de Harry Potter et de quelques personnages de Disney.
Cette évolution est sujette à controverse car souvent perçue comme une menace d'homogénéité culturelle, voire d'une américanisation des modes de vie. Pourtant, la mondialisation de conduit pas nécessairement à une uniformisation de la culture. On sait qu'elle est inégalement à l'oeuvre et qu'elle produit un métissage culturel créatif. Elle suscite d'ailleurs des résistances et s'accompagne de manière apparemment contradictoire d'une réaffirmation des phénomènes identitaires. C'est ce qu'illustre en particulier la montée des communautarismes.

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