mercredi 24 novembre 2010

Chapitre D - H.

  Chapitre D : L'affrontement Est-Ouest

(jusqu'aux années 70) p92-93.

Pourquoi la période 1947-1975 est-elle considérée comme l'apogée du monde bipolaire ? 

1- Origine et paroxisme de la guerre froide (1947-1956)
a- La rupture (p110)

L'explosion du monde communiste est spectaculaire après la guerre. L'URSS étend son emprise sur l'Europe centrale et Balkanique, en créant les démocraties populaires. Ses relations avec les occidentaux se sont encore dégradées, c'est ce qu'illustre le discours de Churchill à Fulton en mars 1946. 
En mars 1947, Truman prononce devant le Congrès un discours célèbre. Il se déclare déterminé à empêcher toute nouvelle expansion du communisme notamment en Grèce et en Turquie. Il définit ainsi la doctrine du "containment" (l'endiguement). C'est dans ce cadre que commence la Guerre Froide, avec le Plan Marshall. Ce plan vise à aider les pays d'Europe pour éviter la misère et la propagation du communisme. 
Par delà l'idéalisme traditionnel, Washington espère aussi reconstituer un marché solvable pour la production américaine. L'URSS refuse ce plan et force les pays sous son contrôle à faire de même. Dès 1947, elle oppose à la doctrine Truman, la doctrine Jdanov (responsable de l'idéologie). Selon elle, l'URSS, les démocraties populaires, les mouvements anti colonialistes forment le camp démocratique et anticapitaliste. Il se doit de mener un combat sans merci contre le monde capitaliste. 
Le Kominform est crée pour coordonner l'action des partis communistes. Il s'agit surtout d'un instrument de surveillance des gouvernements et surtout des partis "frères". 
A la fin de 1947, le monde est divisé en deux blocs inconciliables. 

b- Les premiers affrontements

- L'Allemagne est le premier terrain d'affrontement entre les deux blocs. Les vainqueurs sont incapables de se mettre d'accord son sort. Les Anglo Saxons puis la France décident d'unifier leurs zones d'occupation. Berlin ouest, enclavée dans la zone soviétique a vocation à en faire partie.
Hostile à ce projet, Staline organise le blocus des voies de ravitaillement terrestres de Berlin Ouest. S'organise alors un gigantesque pont aérien qui ravitaille la ville pendant près d'un an. En juin 1949, Staline, que son initiative dessert en terme d'image, renonce au blocus. 
Cette première crise de Berlin accélère ce qu'il cherchait à éviter : la division de l'Allemagne, qui conduit à la RFA. Le 7 octobre, l'URSS n'a d'autre choix que de créer la RDA. 
- L'autre terrain d'affrontement. En 1949, les communistes chinois, menés par Mao l'emportent sur les nationalistes de Jiang Jieshi après 3 années de guerre civile (46-49). Le 1er octobre, Mao proclame la république populaire de Chine (?) tandis que les débris de l'armée de Jiang se réfugient à Taiwan. C'est dans ce contexte qu'éclate la révolution de Corée. Depuis 1945, ce pays est occupé par les communistes et capitalistes. Deux camps séparés par le 38ème parallèle. Le 25 juin 1950, la Corée du Nord lance une vaste offensive contre la Corée du Sud. Les Usa réagissent immédiatement, avec l'aval de l'ONU pour sauver les coréens du Sud. En novembre, la Chine intervient pour éviter l'effondrement du Nord. C'est presque la 3ème guerre mondiale. Elle représente l'apogée de la Guerre Froide. Elle en illustre aussi les limites. Truman refuse la bombe atomique à Mac Arthur qui voulait organiser un chemin jusqu'à Pékin.  D'ailleurs, depuis 1949, l'URSSs'est dotée de la bombe atomique. L'armistice signé à Pam Mun Jon équivaut à une page? blanche et à un retour sur le 38ème parallèle. 

c- Le renforcement des blocs

Ces conflits conduisent au renforcement des alliances au sein des deux blocs. En avril 1949, les USA, le Canada, et dix pays d'Europe occidentale signent le traité de l'Atlantique. Il donne naissance à l'OTAN, une alliance militaire destinée à contenir les communistes hors d'Europe. Les USA sont saisis d'une véritable "pactomie" et créent l'OTASE qui regroupe 8 pays d'Asie. 
En 1995, le pacte de Bagdad, au Moyen Orient verrouille la frontière méridionale de l'URSS. Washington réalise ainsi un encerclement du monde communiste. 
Moscou renforce aussi son camp. En 1959, la création du CAEM organise à son bénéfice des relations économiques entre pays communistes d'Europe en les spécialisant et en les rendant dépendant les uns des autres. En 1955, elle met en place le pacte de Varsovie, une organisation militaire calquée sur l'OTAN. Il y a de violents affrontements idéologiques reliés par une guerre de propagande et d'image contre le Plan Marshall, la guerre de Corée … 
Il y a également l'appel de Stockholm. En face, des organisations anti communistes financées par la CIA dénoncent le totalitarisme et l'expansionnisme. A cela s'ajoute l'action d'émetteurs radiophoniques : Voice of America, Radio free Europe … 
On assiste ainsi à une mise au pas particulièrement brutale en URSS. Ainsi, la Yougoslavie de Tito est exclue en 1948 par Staline. Les partis politiques sont durement épurés (procès de Prague). Au même moment, la chasse aux sorcières a lieu aux USA. 

2- Une fragile "coexistence pacifique" (1956-1962)
a- "Paix impossible, guerre improbable"

L'origine des baisses de tensions vient de la mort de Staline, le 5 mars 1953. Le dégel est d'abord intérieur, le 20ème congrès du PCUS marque le début de la déstalinisation. Surtout, Nikita Khrouchtchev lance la proposition d'une coexistence pacifique. Il faut que les deux blocs s'accommodent l'un de l'autre car un conflit nucléaire est trop incertain.
En signe d'apaisement, le Kominform est dissout en avril 1956. Les soviétiques décident donc de placer la confrontation sur le plan économique et scientifique. Ils remportent ainsi des succès spectaculaires, avec notamment, le lancement de Spoutnik et en 1961, Youri Gagarine est le premier homme dans l'espace. Ces succès technologiques montrent que les Soviets sont en mesure d'atteindre les USA avec des missiles.
Les Usa sont donc contraints d'abandonner la doctrine militaire de représailles massives pour adopter la doctrine Mcnamara dite de la riposte graduée. Ce qu'on appelle désormais l'équilibre de la terreur limite le risque de conflit. Comme l'affirme Raymond Aron, "la paix est impossible, mais la guerre est devenue improbable".

b- La consolidation d'un ordre bipolaire

L'URSS et les USA deviennent de ce fait des "adversaires partenaires" dans une sorte de c…? mondial. En octobre 1956, les Anglais et les Français interviennent en Egypte pour récupérer le canal de Suez qui avait été nationalisé par le colonel Nasser. Washington et Moscou se retrouvent solidaires pour contraindre les deux puissances à quitter l'Egypte. La leçon est claire pour tous, la responsabilité de l'ordre mondial est celle de L'URSS ou et des USA. Les occidentaux se bornent à des protestations platoniques. On admet ainsi que chacun est maître dans son camp. 
Ce principe est illustré lors de la seconde crise de Berlin : depuis 1945, Berlin Ouest est un véritable trou dans le rideau de fer. Environ 3 millions d'allemands passent à l'ouest, ils votent avec leurs pieds. Cet exode massif affaiblit considérablement la RDA. Khrouchtchev exige la neutralisation de Berlin Ouest. Finalement, le mur sera construit du 12 au 13 aout 1961. Là encore, ce symbole de la division du monde ne produit que quelques protestations. C'est l'occasion pour Kennedy de faire l'un de ses plus brillants discours. (p110-111)

c- La crise des fusées

La crise de Cuba va illustrer les limites de la coexistence pacifique. En janvier 1959, le guérillero Fidel Castro chasse le dictateur Batiste du pouvoir. Il cherche rapidement à libérer l'île de la tutelle américaine, et c'est ainsi l'hostilité de Washington qui le pousse à solliciter l'aide de l'URSS.
Cette pénétration de l'URSS dans "l'arrière cour américaine" est inacceptable aux yeux de l'administration Kennedy (voir doctrine Monroe). Pour les latinos américains, la présence des américains est insoutenable. Aussi, en avril 1961 les USA soutiennent un contingent anti castristes dans la baie des cochons. Cette tentative échoue lamentablement et pousse Castro à s'approcher de l'URSS. Celle ci installe à Cuba des rampes de lancement de missiles capables d'atteindre les USA. Le 22 octobre 1962, le président Kennedy qui vient de l'apprendre dénonce cette atteinte à la sécurité des USA.  Après quelques hésitations, il décide de mettre Cuba en état de blocus naval pour intercepter les navires Soviets. Il pose un ultimatum à Khrouchtchev pour qu'il retire les rampes tout en laissant ouvertes les portes de négociations. Après une semaine au bord du gouffre, Khrouchtchev cède et accepte de retirer les fusées contre la promesse de paix? à Cuba. Kennedy en tire un grand prestige. 
Paradoxalement, cette crise, ce dérapage incontrôlé va ouvrir une aire de rapprochement.

3- La détente
a- Une réponse aux contestations internes ?

L'apaisement des relations internationales répond à la crise des fusées. Dès 1963, un "téléphone rouge" est mis en place et relie la Maison Blanche au Kremlin pour maintenir un contact permanent et éviter toute perte de contrôle.
La détente est aussi une réponse aux contestations internes des deux blocs.
- Côté occidental, la 5ème République et De Gaulle remettent en cause la suprématie américaine. Il critique l'intervention au Vietnam, reconnait la RPC. Surtout, en 1966, lorsqu'il quitte l'organisation armée de l'OTAN. Il multiplie les provocations vis à vis des USA. Jamais son appartenance au camp occidental n'a été remise en cause. 
- Côté communiste, les fractures sont plus nombreuses et plus graves. Les relations URSS-CHINE se sont dégradées du fait de divergences idéologiques profondes : Mao rejette la coexistence pacifique. A cela s'ajoute des querelles territoriales héritées du 19ème siècle. En 1960, c'est la rupture, le monde communiste s'est divisé en deux. 
Par ailleurs, certaines démocraties populaires s'émancipent de Moscou, c'est le cas de la Roumanie et de la Tchécoslovaquie en 1968 avec l'expérience du socialisme à visage humain. La détente apparait comme le moyen de maintenir le contrôle sur son camp. Ainsi, les Soviets mettent fin au principe de Prague.
En Amérique latine, le plan Condor encourage la prise du pouvoir par les militaires avec l'aide de la CIA. AU Chili, le président Allende est renversé par Pinochet lors du coup d'état (Push) de septembre 1973.

b- Le développement des relations pacifiques

Le rapprochement des deux grands se traduit par la multiplication des rencontres au sommet : Brejnev-Nixon. Ils apparaissent comme des adversaires. Leur premier souci est la limitation de l'armement nucléaire. Dès 1963, le traité de Moscou interdit les essais nucléaires atmosphériques. En 1968, un nouvel accord est signé pour empêcher la prolifération nucléaire. En 1972, enfin, les accords Salt (strategic armement limitation talks) limitent le nombre de missiles stratégiques soviétiques et américains.
L'Europe tire rapidement parti du climat de détente. Willy Brandt, chancelier social démocrate de la RFA depuis 1969 entreprend l'Ostpolitik, une politique de rapprochement avec l'Europe de l'Est. Pour apaiser la Pologne, Brandt reconnait l'existence de la ligne Oder Neisse, comme frontière orientale de l'Allemagne. Il rend également une viste célèbre à l'ancien ghetto de Varsovie et reconnait aussi l'existence de l'Allemagne communiste. Les règles de circulation entre les deux Berlins sont alors assouplies.
En 1975, enfin, 35 pays européens occidentaux et communistes, les USA et le Canada (inclus dans les 35) signent les accords d'Helsinki. Ils réaffirment une série de principes (comme l'égalité des états, l'inviolabilité des frontières européennes réclamée par la Pologne ou l'URSS). Ils prévoient aussi le développement d'une coopération dans tous les domaines, notamment le domaine spatial (vol Apollo-Soyouz). A la demande des occidentaux, on ajoute la garantie des Droits de l'Homme notamment la libre circulation es hommes et des idées.
C'est l'apogée de la détente.

c- Les limites de la Détente, la persistance de conflits périphériques

Toutefois, les ambiguïtés de la détente restent nombreuses. Nixon tire parti de la rupture sino-soviétique en se rapprochant de Pékin. Il jette ainsi les bases d'une diplomatie triangulaire dans laquelle il se réserve le beau rôle. Surtout, la confrontation entre les deux Grands se poursuit en Asie et au Proche-Orient.
- Début 1959, l'insurrection Viêt-cong (sud vietnamienne) menace le gouvernement pro-américain du Sud Vietnam. (président Sud V. : Diem) Kennedy décide d'intervenir au nom de la théorie des dominos, c'est-à-dire le corps expéditionnaire américain devient de plus en plus important. En 1968, il dépasse ainsi 500 000 hommes. A cela s'ajoutent les bombardements massifs ordonnés par Johnson sur les bases Viêt-cong mais aussi sur le Nord Vietnam. Hanoi (NV) épaulée par les chinois et les soviétiques fournit en effet une aide logistique essentielle au Viêt-cong, notamment par la piste Hô Chi Minh. En février 1968, l'offensive du Têt persuade les américains qu'une victoire décisive sur les communistes est improbable. Médiatiquement, la guerre tourne même au désastre. 
Ainsi, Nixon va chercher à désengager les USA et "Vietnamiser" la guerre. Ses efforts aboutissent aux accords Kissinger/Le duc Tho à Paris et à une trêve provisoire provisoire qui permet le retrait complet des américains (1973). En avril 1975, à la suite d'une offensive éclair, les troupes nord-vietnamiennes s'emparent du Sud vIETNAM. Le même mois, les Khmers rouges prennent le contrôle du Cambodge. Ils s'y livreront à un terrible génocide. Pour les USA c'est un de leur premier échec. 
- Au Proche-Orient, les conflits israélo-arabes sont aussi devenus un aspect de la guerre froide depuis les années 50. En juin 1967 éclate la guerre des six jours. Elle permet à Israël, soutenu par les USA de remporter une victoire triomphante sur l'Egypte, la Syrie et le Jordanie soutenues par l'URSS. Israël s'empare de Jérusalem-EST, la Cisjordanie, la bande de Gaza, c'est-à-dire les actuels territoires occupés de Palestine. En automne 1973, les pays arabes lancent à leur tour une offensive. C'est la guerre de Kippour. L'état Hébreu, d'abord en difficulté finit par reprendre le dessus grâce à l'aide américaine. L'armée israélienne franchit même le canal de Suez. L'URSS menace alors d'intervenir pour sauver l'Egypte. Les tensions internationales sont de nouveau             . La paix est toutefois obtenue par pression des deux Granfs sur leurs protégés respectifs. 
L'antagonisme Est-Ouest, momentanément apaisé par la détente reste toutefois incontournable.

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