vendredi 26 novembre 2010

Chapitre B - G.

1ère partie                                      D'autres logiques d'organisation
Chapitre B                                     de l'espace
Y a-t-il d'autres grilles de lectures (que la mondialisation) de l'organisation du monde ? 
1- Une mondialisation constestée
        a- La mondialisation, des effets contradictoires

       La 1ère limite de la mondialisation vient d'abord des oppositions qu'elle suscite. Le 1er reproche qui lui est fait est d'accentuer les inégalités. Pourtant, la mondialisation libérale, quand elle s'appuie sur la bonne gouvernance a permis l'essor spectaculaire de nombreux PED (Pays En Dev.)
C'est le cas notamment en Asie Orientale (Chine, Inde …) et en Amérique latine (Brésil, Mexique …). Ainsi, la part d'individus disposant d'un haut niveau de vie n'a jamais été aussi importante. 
        Cependant, il est vrai que la mondialisation a accru les écarts. Ainsi, l'Afrique sub-saharienne, dans une moindre mesure le Moyen-Orient et l'Amérique andine sont restées un peu à l'écart. En toute logique, c'est là que se trouvent plus d'1 milliards de personnes qui survivent avec seulement - de 2dollars par jour.
       En fait, les inégalités dénoncées s'observent surtout à grande échelle, c'est-à-dire au sein de chaque pays. Le fonctionnement de l'économie contemporaine multiplie les fractures sociales entre ceux qui intègrent les révolutions technologiques de la révolution informationnelle et les autres. Un fossé sépare bien plus les citadins de la chine des ruraux de l'intérieur que les … ?

        b- Les résistances à la mondialisation 

        De ce fait, la mondialisation suscite de plus en plus de réserves et d'oppositions, d'abord au niveau des états. Certains souhaitent ainsi la réguler. Ainsi, le groupe de Cairms qui regroupe des états du Sud, menés par le Brésil, protestent contre une mondialisation qu'ils estiment faussée par les subventions agricoles aux USA et dans l'UE. 
        En fait, la contestation émane principalement d'une partie des sociétés civiles : associations hostiles à la spéculation financière (Attac), mouvements paysans (José Bové…) ou indigénistes (zappatistes au Mexique), ONG, écologistes … Ainsi est apparu un mouvement altermondialiste puissant mais très hétérogène. Il suppose la mondialisation libérale qui marginalise selon eux les pays les plus fragiles. Il propose souvent de manière confuse des alternatives fondées sur l'effacement de la dette, la réforme agraire ou un commerce plus équitable.

        c- L'enjeu du développement durable

        La question environnementale prend d'ailleurs de plus en plus d'importance. Aussi, la mondialisation et le modèle productiviste sont accusés de mettre en péril les grands équilibres écologiques : réchauffement de la planète, déforestation, pollution, urbanisation. Les états ont alors réagi par une politique dite de "développement durable". Celle-ci a été mise à l'ordre du jour lors du sommet " de la Terre" à Rio en 1992. "Il s'agit de répondre aux besoin du présent sans compromettre ceux des générations futures, d'après la formule très onusienne (ONU). Le sommet de Kyoto, en aout 1997 aboutit ainsi à un protocole sur la réduction des gaz à effet de serre. Le thème du développement durable devient alors majeur. Cependant, bien des pays refusent toute mesure concrète. Par ailleurs, les intérêts des FTN et l'industrialisation rapide des PED sont clairement en contradiction avec l'ambition d'une protection de l'environnement plus efficace.

2- Le contrepoids des états et des organisations régionales
       a- Des états affaiblis par la mondialisation …

        Jusqu'à la fin du 20ème siècle, les états constituaient la grille de lecture fondamentale du monde. Celle-ci est aujourd'hui d'avantage associée à la mondialisation en marche. Les états apparaissent ainsi considérablement affaiblis :
        - Leurs frontières perméables à des flux de toute nature ont semble-t-il de moins en moins de sens. Leur souveraineté est menacée par les stratégies des FTN, d'organisations mondiales, ou régionales (UE). Certains politiques jugent d'ailleurs leur action inefficace à l'instar de Joshka Fisher : "coquilles vides".
        - Mais cette remis en cause est également intérieure. Des mouvements régionalistes ou nationalistes menacent l'intégrité territoriale de nombreux états (Belgique, Espagne …) Des populations s'organisent en communautés qui cherchent à se doter de leurs propres règles de vie au détriment des règles communes. C'est probablement aussi une conséquence de la mondialisation. 
        Dans le "village global", homogène, dans ce gigantesque hall de gare, les individus éprouvent le besoin de se retrouver dans l'entresol, un cadre restreint, familier, avec des repères identitaires forts.

        b- … mais qui jouent encore un rôle important

        Malgré tout, les états continuent à jouer un rôle essentiel. Ils défendent, en effet, les intérêts de la nation en conservant les fonctions régaliennes (justice, police, défense). Surtout, il reste le cadre de la vie démocratique. Les états apparaissent surtout comme une nécessité ou un idéal pour la plupart des peuples comme le montrent les "indépendances" du Kosovo ou de l'Ossétie du Sud (2008).
       Parmi les 200 états, certains demeurent d'ailleurs des puissances incontournables que même la mondialisation n'affaiblit pas. C'est le cas notamment de l'hyper-puissance américaine et des puissances mondiales incomplètes comme la Japon, l'Allemagne, la France, le Royaume Uni. Des puissances régionales comme les BRIC (Chine, Inde, Brésil, Russie) et quelques autres (Indonésie, Mexique, Afrique du Sud) sont destinés à compter de plus en plus. La plupart sont cependant trop faibles pour peser vraiment.

        c- Le rôle croissant des organisations régionales

        Les états répondent aussi aux défis de la mondialisation par la création de vastes organisations régionales. Il s'agit de constituer des aires privilégiées pour les échanges, afin de se protéger des excès, de la concurrence (de la mondialisation). Les états s'appuient sur la proximité géographique et les affinités économiques et culturelles. 
        Certaines d'entre elles sont de simples zones de libre échange (ASEAN, ALENA (Canada, USA, Mexique). D'autres sont plus perfectionnées, le MERCOSUR, par exemple est une véritable union douanière dotée d'un TEC (tarif extérieur commun). L'UE est l'organisation qui pousse le plus loin le mécanisme d'intégration économique. Ce processus conduit en fait plus à une régionalisation qu'à une mondialisation des échanges. Les deux processus sont en effet complémentaires, mais la régionalisation apparait aussi comme une limite à la mondialisation.

3- La diversité persistante des civilisations
        a- La pluralité des civilisations

       L'espace mondial peut aussi être vu autrement que sous l'angle des échanges économiques. Il continue à être caractérisé par la pluralité des civilisations qui constituent donc une autre grille de lecture du monde. 
civilisation : désigne un ensemble de sociétés formant un espace culturel commun ne pouvant lui-même être englobé dans un ensemble plus vaste.
        Celui-ci repose sur une histoire, des représentations, et des religions partagées. Elles ont permis l'apparition de modes de pensées, de valeurs, de relations sociales.
        Selon les auteurs, on distingue entre 5 et 9 civilisations essentiellement définies par la religion :
        - La civilisation chinoise et un dérivé : la civilisation japonaise sont largement inspirées par le confucianisme. Celui-ci valorise le sens de la communauté, le respect de l'autorité et de la hiérarchie, le culte des ancêtres et le goût du travail.
        - La civilisation hindoue et un dérivé, la civilisation bouddhiste s'appuie sur la croyance en la réincarnation. Celle-ci dépend de la valeur morale de l'existence antérieure. En Inde, elle donne lieu à une division de la société en castes.
        - La civilisation occidentale, et ses cousines, la civilisation slave-orthodoxe et la civilisation latino-américaine, sont profondément marquées par le christianisme.  Elles sont aussi héritières de la civilisation romaine, d'où son goût pour le droit et la raison. La séparation ancienne du temporel (politique) et du religieux explique la laïcisation des sociétés.
       - La civilisation musulmane est celle où la religion révélée imprègne le plus les sociétés. L'islam est une doctrine religieuse, mais aussi un ensemble de normes juridiques et éthiques  fixant des règles de vie. Il n'y a pas ou peu, de séparation entre temporel et religieux. 
       - La notion même de civilisation africaine est discutée aujourd'hui encore. Elle pourrait se définir par la persistance des croyances traditionnelles, sous un vernis chrétien et musulman.

        b- Vers une occidentalisation du monde ... ?

        La mondialisation du monde, le village global apparait en fait plutôt comme une occidentalisation de la planète. L'occident rassemble en effet les états les plus puissants du monde (60% du PIB mondial). L'anglo-américain est la langue de communication dominante. Ses modes de consommation se répandent partout, surtout dans leur version Nord-Américaine. C'est le cas dans l'alimentation (Coca-Cola, pain …), l'habillement (costume, chemise, pantalon …), le cinéma (Hollywood …), la musique et la culture de l'entertainment. 
        L'occidentalisation passe aussi par les progrès incontestables de ses valeurs jugées universelles : libertés démocratiques, droits de l'Homme, et sociétés ouvertes.

        c- … ou à un retour aux civilisations ?

       En fait, l'adoption des techniques et des produits occidentaux peut se faire sans adhésion à ses valeurs. La capacité de résistance des diverses civilisations est plus importante qu'il n'y parait. Ainsi, les principes occidentaux ne pénètrent pas vraiment les cultures asiatiques.
Le monde musulman, lui, s'affirme d'autant plus fortement qu'il s'appuie sur une religion sûre d'elle-même en plein essor. L'Islam progresse, en Asie, en Afrique et même en Occident. La fondamentalisme islamique est d'ailleurs l'expression d'une hostilité résolue à la modernité occidentale. 
        Pour certains auteurs, comme l'américain Samuel Huntington, la tendance géographique actuelle est même au "choc des civilisations". De fait, la majorité des conflits depuis les années 90 se situent sur les lignes de contact des civilisations. C'est le cas notamment de la Palestine, du Cachemire, du Nigéria, du Soudan …
Cette interprétation est néanmoins fortement contestée, beaucoup la jugent excessivement réductrice et considèrent que les origines des conflits sont infiniment plus complexes. 
       La mondialisation est donc à l'origine d'un double processus contradictoire. Elle provoque une certaine uniformisation des modes de vie, mais conduit au même moment en réaction, à la réaffirmation d'identités de plus en plus différenciées, qu'elles soient civilationnelles, nationales, ou communautaires. Il y a donc à la fois homogénéisation et fragmentation du monde : "mondialisation des objets, et tribalisation des sujets". 

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