mercredi 23 mars 2011

MDG - Le titre


Le Titre
 Un titre informatif en deux séquences :
            Le Tome III des Mémoires de guerre se présente avec un titre principal et un sous-titre. On a ainsi un titre en deux séquences, avec chacune un niveau stylistique différent.
-     Le premier élément du titre, Mémoires de guerre, apporte une information sur le genre du texte (Mémoire) et sa matière (guerre). Constituée d’un mot composé, cette séquence renvoie  à un genre littéraire très ancien dont ont usé d’illustres guerriers et que réactualisent toutes les situations de guerre. En 1953, Winston Churchill obtient le Prix Nobel de littérature après la publication de ses Mémoires de guerre (1919-1945)
-      Le sous-titre, Le Salut : 1944-1946, met en place, dans une tournure elliptique, un substantif et une datation qui circonscrivent thématiquement et chronologiquement cette manière.
On a donc ainsi un titre qui identifie son texte dans son genre et son contenu, avec solennité et contenu.
Un titre incitatif :
            Le titre avec ses deux séquences, créé un effet de décalage mobilisateur et incitatif : il suscite un intérêt à la fois historique et guerrier, et sous-entend un dénouement positif. La portée de la thématique inquiétante de la guerre introduite par le premier élément du titre, Mémoire de guerre, est affaiblie par la thématique réconfortante qu’instaure le mot « Salut » et des dates qui renvoient à la Libération et au début de l’après-guerre. La relation au texte que préétablit ce titre est une relation sereine et optimiste.
 Un titre polysémique :
            La polysémie du mot « Salut » laisse de nombreuses interprétations de ce titre. En effet, ce terme, caractéristique d’un registre élevé, peut prendre un sens politique, religieux et même allégorique.
            Le lexique politique l’a depuis longtemps évoqué en termes très officiels la mise or de péril des princes ou des nations (salut de l’Etat, mesures de salut public, Comité de salut public…) Le titre peut ainsi exprimer ainsi avec emphase l’idée de « fin de guerre », de « libération », de « retour à la paix », de « salut de la patrie » (p.158)
            Mais ce terme a aussi le sens religieux de « nouvelle naissance », qu’il s’agisse de la rédemption attendue après la mort par les chrétiens, à savoir la félicité éternelle, ou de la conversion de l’incroyant qui, dans une illumination intérieure, découvre la foi intérieure, découvre la foi chrétienne. Dans les deux cas, le Salut est considéré comme un effet de la grâce divine. Un tel sens est envisageable compte tenu de la culture chrétienne de de Gaulle et des mots dont il use à plusieurs reprises dans sa narration. La libération du territoire est qualifiée de « prodigieuse » (p.10) et d’ « événement quasi surnaturel » (p.9). Ce point de vue chrétien est maintenu pour évoquer la France « sauvée par miracle » (p.215) ou en état de « résurrection par une sorte de miracle » (p.238). Le titre peut ainsi traduire avec ce terme de« Salut » une sacralisation et sanctification de la victoire.
            Dans le style élevé, le mot « Salut » peut aussi signifier peut aussi s’employer pour désigner la personne même qui est la cause de salut. Voir en ce terme une allégorie de Charles de Gaulle lui-même est une interprétation que peut suggérer le texte, quand, au début du tome III, se font écho la conscience populaire (« quand à de Gaulle […] on compte qu’il sera accomplir par lui-même tous les miracles attendus » p.10) et les propos adressés par l’ex-président de la république, Albert Lebrun, au général le 13 octobre 1944 (« Sans vous, tout était perdu. Grâce à vous, tout peut être sauvé » p.31). A la fin du chapitre, L’Ordre, l’auteur lui-même interprète les acclamations qu’il reçoit en des termes qui font de lui l’incarnation du salut : « Ceux-là semble dire : « Nous vous acclamons parce que vous êtes le pouvoir, la fermeté, la sécurité » (p.158)
 Le public ciblé par le titre :
            Ces trois perspectives de sens que donne au titre le mot « Salut » sont propres à rassembler des lecteurs sensibilisés soit aux enjeux historiques, soit aux enjeux littéraires de l’ouvrage introduit
-         Les enjeux historiques sont posés avec force dans le raccourci du sous-titre qui donne en un mot, « Le Salut », une thèse interprétative de la libération et de l’après-guerre.
-         Les enjeux littéraires sont donnés à travers le registre relevé de ce même terme dont la polysémie place l’ouvrage sous les colorations d’une épopée guerrière, politique, voire mystique.


M  Merci à Barbara ! 

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