Suite et fin des Mémoires de guerre :
Le Salut, Tome III des Mémoires de guerre, a pour contexte livresque et éditorial les tomes I et II. L’Appel, paru en 1954, retrace la période de guerre 1940-1942, L’Unité paru en 1956, celle de 1942-1944. Le lien du Salut avec les deux premiers tomes s’explique dans la dernière phrase de L’Unité : « A présent le peuple et le guide, s’aidant l’un et l’autre, commencent l’étape du Salut. » Ce lien est également souligné dans le jeu tricolore des couvertures : bleu pour le Tome I, blanc pour le Tome II et rouge pour le Tome III.
A sa parution en 1959, Le Salut connait un succès éditorial égal à celui des tomes précédant. L’ouvrage constitue le dernier élément d’une œuvre phare écrite dans la décennie 1950-1960.
La flamme de la résistance :
Presque vingt ans après l’appel du 18 juin 1940, l’opinion française est dans sa grande majorité unanime pour célébrer la Résistance comme une aventure héroïque nationale, même si un certain nombre de chercheurs et d’intellectuels, comme André Malraux, commence à considérer cette vénération collective comme un alibi pour occulté le défaitisme de la France occupée. Le Salut parait ainsi en un temps où un solide consensus semble établi pour célébrer une France résistante, avec les figures exemplaires de Charles De Gaulle ou de Jean Moulin.
Un pouvoir politique en déliquescence :
Dans la période où le général De Gaulle rédige Le Salut, le pouvoir politique en place fait le constat de ses graves impuissances. Sur le plan des institutions, les années 1957-1958 mettent en évidence les fragilités d’un pouvoir exécutif otage du Parlement. En 1958 on connait une vacation gouvernementale de 36 jours. Même si les principaux responsables de la vie politique se préoccupent alors de réformes constitutionnelles pour résoudre l’instabilité gouvernementale, le poids de la crise algérienne et de la division des partis sur les questions économiques et sociales endigue les commencements de toute évolution. C’est le putsch d’Alger qui, le 13 mai 1958, impose brutalement une refonte totale de l’Etat. Ce contexte politique donne alors aux pages du Salut une fonction d’apologue et de programme.
L’appel au « plus illustre des français » :
Le président de la république, René Coty, contacte le général de Gaulle dès le 5 mai 1958. A partir de cette date celui-ci est en quelque sorte éloigné de l’achèvement du Salut pour une mission de « salut de la Patrie et de la République », selon les termes de René Coty, dans son message du 28 mai à l’Assemblée. Le président, dans cette adresse solennelle, semble faire un condensé des Mémoires de guerre : « Dans le péril de la Patrie et de la République, je me suis tourné vers le plus illustre des français, vers celui qui, aux années les plus sombres de notre histoire, fut notre chef pour la reconquête de la liberté et qui, ayant ainsi réalisé autour de lui l’unanimité nationale, refusa la dictature pour établir la république. »
En revenant au pouvoir comme un chef charismatique en mai 1958, de Gaulle peut vivre en fait une antithèse au dernier chapitre du Salut, « Départ », mais aussi donner sens et consistance au dernier mot de ce même chapitre : le mot « espérance ».
Merci à Barbara !
Merci à Barbara !
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