mercredi 2 février 2011

TLMM - Le titre.

En vue du bac blanc, mais aussi de celui qui nous attend en juin ...

 Tous les matins du monde – Pascal Quignard

               -           - Le titre :

« Tous les matins du monde » constitue la première partie d’un aphorisme, placée au début du chapitre 26 : « Tous les matins du monde sont sans retour ».
            Cette phrase est une sorte de leitmotiv de l’œuvre de Quignard, puisqu’on la retrouve dans Les petits traités et dans La Barque silencieuse.
Elle traduit une réflexion sur le temps qui passe et ne revient pas.
Le matin est d’ordinaire associé au renouveau. Ici, une nouvelle journée marque une nouvelle étape de la marche inéluctable du temps, qui conduit à la vieillesse et à la mort.
C’est un rappel de la condition humaine, touchée par le temps, vouée à la disparition.
            Ce titre rappelle également un motif de la peinture baroque : les vanités (symbolisant à travers certains objets, les plaisirs et gloires de l’homme, voués à disparaître) : « Ce sont tous les plaisirs du monde qui se retirent en nous disant adieu ». (ce que dit Saint Colombe devant une vanité de son ami Baugin).

             -       Un titre qui installe tension entre matin et soir

Au début du premier chapitre, la phrase « Au printemps de 1650, Madame de Sainte Colombe mourut » allie en oxymore le matin d’une année et le soir d’une vie.
Puis le crépuscule et la nuit semblent envahir le récit :
          -       Sainte Colombe tout vêtu de noir
          -       Nuit au cours de laquelle il apprend la mort de son épouse
          -       Nuits ou Marin Marais vient écouter sous la cabane Sainte Colombe
Le film est aussi marqué par l’obscurité :
Beaucoup de scène se déroulent la nuit, ou à la lueur d’une bougie, ce qui laisse place à de grandes zones d’ombres à l’écran.
            Ex : le prologue montre Marin Marais hanté par le côté ténébreux de son maître et sombre progressivement dans l’ombre (il ferme les volets).

           -       Un subtil renversement :

Si tous les matins du monde ont bien été sans retour, la dernière nuit ouvre enfin sur un nouveau matin : Sainte Colombe dans sa cabane semble, conscient qu’il s’approche chaque jour un peu plus de la mort, regretter l’ombre dans laquelle il a vécu toute sa vie et qui bercera sa mort. Marin Marais inverse les signes : 
                -       Il apparaissait solaire, avec sa jeunesse dans l’univers des Sainte Colombe (dans ses habits rouge notamment)
                -       La lumière de la lune l’accompagne à plusieurs reprises
De cette nuit si particulière, va naître la lumière de la transmission : « Puis-je tenter une première leçon ? ». De l’œuvre enfouie dans le passé du maître va surgir le matin de la création musicale. Marin Marais semble enfin digne d’être le dépositaire du savoir de Sainte Colombe.
Enfin, la dernière phrase du livre renverse l’aphorisme : « Ce n’est qu’à l’aube que Marin Marais s’en retourna à Versailles » : on retrouve les motifs du matin et du retour, mais celui-ci marque cette fois ci l’ouverture puisqu’il débouche sur Versailles, lieu d’épanouissement artistique.
      Le film marque aussi une inversion du titre : il s’achève sur un autre retour : celui de l’ombre de Sainte Colombe venue accorder une sorte de pardon à son disciple, en lui demandant de jouer la Rêveuse, et en le reconnaissant comme son égal.

(tout ceci est extrait de deux annabacs dont j'ai comparé les propos, texte non exhaustif)

3 commentaires:

  1. M%erci !! je cherche depuis plus de deux heures une analyse complète, plausible et sure du titre du livre, et ce site et cette analyse sont super !! encore un graaaaaand merci !!!!! ;)

    RépondreSupprimer
  2. formidable ! votre analyse est simple,compréhensible et complète, merci de votre aide !

    RépondreSupprimer