Correction : les mots mentent-ils ?
Est ce que les mots font passer pour vrai ce qui est faux ?
1- Les mots mentent
Les mots sont spécieux puisqu'ils accentuent une tendance réifiante qui vient du besoin. A chaque fois, la singularité du réel nous est occultée au profit de son utilité c'est-à-dire de sa signification générique. Le mot montre un genre : par exemple un type d'objet qui s'impose à nous, dans une vie constituée d'actions conservatrices.
("Vivre consiste à agir" - Bergson). Chaque mot est comme une étiquette, il
retient une fonction, c'est-à-dire il fait fonctionner notre monde. La réalité est aussi en nous même; dans notre intimité. Elle exprime alors ce qui est "original", c'est-à-dire en aucun cas une copie. La chose même, c'est alors le vécu ce qui ne se partage pas.
l14 à 18 :le monde intérieur, c'est-à-dire celui qui devrait nous appartenir sans risque d'aliénation = de dépossession, c'est en fait un théâtre de paroles. Il est fait de mots inaudibles mais bien présents, autant de déformations, de généralisations.
Les mots agissent comme des concepts, c'est-à-dire des unités qui suppriment la diversité, la coloration individuelle au profit d'une vision commune partagée et "impersonnelle". Tout cela fige notre devenir.
Bref, le vécu devient une chose inerte qui n'a plus de spécificité.
Conclusion : le réel c'est l'individuel et non l'abstrait, or le mot pratique l'abstraction.
Critique : une dénonciation du danger le plus évident parce que l'auteur s'appuie sur le vécu. A aucun moment, son exigence risque d'être illusoire. Le vécu a toujours des droits. Mais, cette vision du langage atomise la langue, elle la répartir sur une multitude d'étiquettes. Sur ce point, on ne peut plus rendre compte de la signification, c'est-à-dire expliquer comment l'arbitraire du signe en arrive à produire du sens.
2- Les mots ne mentent pas
Les mots ne sont pas des étiquettes, c'est-à-dire dans les langues, il n'y a pas de rapport frontal entre la surface et le sens. Ce qui signifie que c'est un rapport latéral.
Voir Saussure : les signifiés se distinguent les uns des autres par un système d'opposition. Les mots ne mentent pas puisque leur monde est un et indivisible, c'est-à-dire il n'y a pas une référence qui donnerait du recul et qui permettrait de comparer (une apparence de la vérité et la vérité elle-même).
Critique : le problème de l'immanence au langage, c'est-à-dire la décision d'habiter l'espace des mots. D'où la difficulté de disqualifier les dysfonctionnements, par exemple les sophismes fondés sur la polysémie etc…
3-
Les mots imposent un mensonge initial = "poétique" pour que nous puissions en sortir et faire jaillir la vérité et l'objectivité. Voir Rousseau : Il nous a fallu commencer par l'illusion pour purifier cette origine et en tirer les deux orientations de l'expression humaine (poétique puis prosaïque).
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