Le construit
La société
1- La société humaine (Comte)
Critique : sous estimation de l'individu
2- L'individualisme radical (Mandeville)
Critique : surestimation de l'individu
3- "L'insociable sociabilité" (Kant)
De la culture à la société
La culture nous donne le moyen de fonder et surtout, elle produit une vie de l'esprit. L'homme devient sa propre oeuvre. Et ainsi, son existence se déploie sur un double plan :
a- individuel
b- collectif
Il va de l'homme à l'Homme. La société accomplit cette construction, elle établit son ordre spécifique.
1- La société humaine
Interprétation positiviste du fait social : positif s'oppose à :
a- fictif c'est-à-dire ce qui n'existe pas
b- chimérique c'est-à-dire qui donne des espoirs déraisonnables
c- oiseux c'est-à-dire qui ne produit rien, qui se réduit à des discussions sans objet
Projet de Comte : vers 1840, réconcilier les hommes sur quelques faits irrécusables. En finir avec les guerres de religion (et les querelles du même genre) mais aussi avec la métaphysique. Pourquoi ?
- D'un côté on parle d'un Dieu "révélé", mais ce n'est pas reconnu comme un fait.
- De l'autre, on parle de choses qui n'apparaissent pas. Elles sont invérifiables et purement spéculatives.
La solution, c'est la notion scientifique de fait. On distinguera 6 sciences qui forment une série pour nous rapprocher de l'objet "homme" : mathématique, astronomie, physique, chimie, biologie, sociologie.
L'homme est avant tout observable dans ses oeuvres c'est-à-dire la société. D'où une science qui doit étudier et en même temps une pratique qui en résulte, la religion de l'humanité, c'est-à-dire le seul culte légitime, le seul qui consacre : le Grand être. Cette idée vient d'un argument opposé à la formule antique souvent reprise : "homo homini lupus " - Plaute.
NB : Hobbes reprend la formule mais il la corrige avec un balancement.
Voir De Cive : 1642 : en dehors des républiques, l'homme est un loup pour l'homme. Mais dans les républiques, l'homme est un dieu pour l'homme.
Vers 1670, Spinoza décrit aussi la société comme résolution de problèmes majeurs, c'est-à-dire le cadre dans lequel l'homme devient un dieu pour l'homme.
La divinité de l'homme tient à son caractère générique = l'individu n'existe pas dans le genre.
Texte 1 :
On peut analyser la société de deux façons :
a- On y voit une pluralité d’individus, c’est-à-dire des atomes, des indivisibles, chacun restant refermé sur soi sans ouverture aux autres. Cette analyse détruit toute forme d’ordre et de rationalité. Pourquoi ? Elle détruit l’association et veut en même temps la recomposer. On obtient une juxtaposition d’atomes mais jamais un ensemble de composants qui formeraient un tout
Second vice du procédé : l’immoralité c’est-à-dire le rejet du bien social contre l’évidence même. Comte vise le libéralisme naissant, c’est-à-dire l’individualisme qui libère l’initiative « capitaliste ».
Voir 1804 – Le Code Civil c’est-à-dire l’Empire qui rend possible un nouveau régime de propriété (rupture avec la France féodale, c’est-à-dire avec l’ancien régime).
b- La bonne analyse tient compte d’un principe indémontrable mais évident pour tous = un axiome. Le tout est plus que la somme des parties, c’est-à-dire il n’est pas fait d’éléments isolés, mais de composantes reliées par une loi de composition interne. L’élément reflète ce principe de communication entre les parties.
Par ex : toute totalité se compose de micro-totalités qui appartiennent à sa propre espèce = une totalité n’est pas faite de simples parties.
Voir la filiation d’Auguste Comte à Durkheim : une société se compose de familles et non d’individus. Quant la famille se porte moins bien, la société entre dans une phase pathologique.
La « sociologie statique » c’est-à-dire qui s’occupe des constantes, des données permanentes, des fondements. Elle exprime dans une constatation la fiabilité de la structure familiale.
NB : statique = en repos = immobile = identité
Dynamique = en mouvement = ouvert, changeant, parfois imprévisible et comme une force.
Par ex : les vicissitudes.
Conclusion : la société est un organisme. Les classes sont les tissus et les cités ses organes. Comte expose un organicisme social (tout organisme est une société de cellules). Les parties forment un consensus = un accord, une entente très profonde.
Voir Kant – Critique du jugement – 1790 : un organisme est plus qu’une machine. Dans une machine, chaque partie existe pour les autres, c’est-à-dire comme moyen. Dans un organisme, toute partie existe pour et par les autres. (c’est-à-dire comme moyen et comme fin). Dans la société, grâce à la famille, chaque membre existe pour rendre service mais aussi comme bénéficiaire de l’offre commune. Toute totalité doit sa cohésion à une loi de composition structurelle. Un tout est fait de parties qui lui sont homogènes.
Ex : l’organisme vivant est fait de cellules. Une surface géométrique n’est pas faite de lignes.
NB : application extrême : les réactions d’une foule, par exemple la panique n’ont rien à voir avec les réactions de chaque individu pris à part. Mais ces mêmes réactions se retrouvent dans celles d’un groupe petit ou moyen (= une collectivité).
Texte : l’altruisme = vivre pour autrui
La société nous permet de vivre, c’est-à-dire chacun vit par autrui. Il s’agit de restituer ce bien et cela de façon systématique. Nous avons un instinct qui nous porte à faire société, mais nous ne savons pas toujours comment procéder, c’est-à-dire comment servir.
Voir l’échec des régimes précédents : loi des 3 états :
a- théologique : c’est l’enfance de l’esprit humain. Il explique tout par des causes premières = de multiples divinités (polythéisme) puis il réduit tout cela à un principe unique : voir le christianisme par exemple.
b- Métaphysique : on abandonne la recherche des causes au profit de la notion de loi. Les lois sont des rapports observables. Mais, on continue de spéculer et on s’exprime par abstraction c’est-à-dire des entités, par exemple : l’âme, la matière etc … On conserve une part purement spéculative qui peut diviser les esprits.
c- Etat positif : c’est-à-dire on rejette l’inobservable au profit du secteur scientifique et on accorde tous les esprit sur des certitudes. Par exemple : il existe un Grand Être, c’est-à-dire l’humanité.
Paragraphe 2 : application pratique :
La notion d’éducation, c’est-à-dire la prise de conscience qu’on favorise chez l’enfant puis l’adolescent. L’enfant perçoit une première bête à l’égard de sa famille, puis il s’élève à une « plus haute providence » = le Grand Être.
Exemple immédiat et radical : la langue maternelle c’est-à-dire ce qui défie les pouvoirs d’un individu et met en jeu une immense collectivité sur une durée considérable. La pluralité des idiomes n’y change rien, il suffit d’une langue pour que l’individu forme sa pensée.
Notre dépendance est presque totale, c’est-à-dire un homme isolé ne peut se donner que très peu de choses et sa part de création, d’invention est réduite au strict minimum. Dans le meilleur des cas, un homme peut rendre une infime partie de ce qu’il a reçu, mais dans la plupart des cas, chacun reçoit et sans restitution.
La dépendance est un fait « irrécusable » = positif.
C’est à nous d’en tirer les enseignements sous la forme d’une alternative. Soit l’altruisme, soit le parasitisme.
Paragraphe 5 : le devoir consiste à tenir sa place dans l’ordre, c’est-à-dire à se conduire comme membre d’un organisme, la loi fondamentale étant la solidarité.
L’altruisme est donc le développement de la « sympathie » c’est-à-dire la disposition qui nous porte à communiquer par le sentiment d’autrui (sympathie = souffrir avec ou sentir avec). On distinguera l’égoïsme qui ne consiste qu’à vivre = pure jouissance fermée sur elle-même qui atomise la société. Et d’autre part, l’exact contraire : l’altruisme = l’esprit du corps qui ne connaît pas de limites puisque le genre humain n’a pas de limites possibles.
Par ex : on ne lui voit pas de fin, et le dévouement n’a pas plus de limites, c’est-à-dire un homme peut toujours restituer d’avantage sur la dette.
L’altruisme (vivre pour les autres) repose sur les « instincts sympathiques » = ce qui nous conduit à faire société.
Paragraphe 7 : reprise du concept de vertu comme synonyme d’altruisme, c’est-à-dire compression de l’égoïsme. Plus on sert autrui, plus on aime le faire.
Voir Aristote : « L’habitude est une seconde nature ».
Paragraphe 8 : la raison publique, c’est-à-dire le bon sens dans ce qu’il a d’universel consolide cette aspiration à la société, c’est-à-dire cette répulsion devant l’égoïsme (diviseur), au profit de l’altruisme (fédérateur).
Paragraphe 9 : comment passer de l’égoïsme à l’altruisme ?
L’auteur recense les formules, les préceptes historiques.
Maturation morale de l’humanité :
a- L’Antiquité
problème : le fondement égoïste jusqu’à l’absurde qui ne se prête pas à l’universalisation.
b- le christianisme version catholique : « Aimer son prochain comme soi-même ».
Faiblesse de la formule : elle sanctifie presque l’égoïsme et le fonde sur un faux amour de Dieu, c’est-à-dire une crainte quasi superstitieuse.
Force réelle du principe : il découvre le rôle de l’affectivité dans la vie morale (c’est-à-dire le domaine des mobiles).
c- le positivisme : le souci de servir l’humanité est le seul qui puisse réconcilier deux préoccupations :
1- le bonheur = le bien qu’on reçoit
2- la vertu ou le devoir = le bien qu’on fait
Il s’agit de soumettre la recherche du bien personnel au travail pour autrui : l’organicisme social.
Discours sur l’esprit positif – COMTE :
L’homme n’existe pas, même avec une majuscule, puisque dans ce nom on ne perçoit pas l’indication d’une seule et même propriété spécifique. Mais l’Humanité existe comme un fait irrécusable. Pourquoi ? Le mot désigne d’une part une totalité d’individus, d’autre part, ce par quoi ces individus constituent une unité reconnaissable (par exemple la raison universelle).
La société cristallise de façon quasi matérielle cette humanité, à condition de percevoir cette société comme une existence concrète (par opposition à ce que fait le 2ème état de notre histoire, l’état métaphysique, qui ne voit que des entités).
Chacun sent en lui une tendance « à s’éterniser » . L’homme aspire à dépasser le temps.
Problème : les deux premiers âges lui ont promis l’immortalité de l’âme et cela sur fondement illusoire.
Solution : on distinguera immortalité et éternité. L’homme ne peut pas vaincre la mort. Il ne sera jamais immortel. Mais il peut « s’éterniser », c’est-à-dire s’incorporer dans une existence qui n’est plus personnelle mais collective. Du coup, il entre dans la mémoire = la vraie vie des hommes. La vraie vie est celle qui nous attend dans et par notre œuvre historique.
Texte 4 :
L’Humanité est un ensemble = un système qui se déploie sur un double plan simultané et successif.
NB : ce qui inclut une humanité à naître.
Le texte vise l’individualisme, la pire de toutes les illusions selon Comte qui s’est séparé de Mill, fondateur de l’utilitarisme (le Bien de la société viendrait de l’intérêt personnel bien compris).
Selon Comte, l’individualisme c’est le parasitisme, c’est-à-dire tout recevoir et ne rien donner.
Paradoxe : l’appartenance à l’Humanité se proportionne au service rendu. D’où le fétichisme :
a- tendance spontanée à prêter une âme aux phénomènes naturels et surtout aux animaux
b- respect et parfois culte rendu à l’existence animale (pour sa dignité, les services qu’elle rend).
Pour Compte, certains hommes sont quasi indignes du nom d’homme alors que certains animaux le mériterait presque.
Paragraphe 2 : comment composer une société ? = choisir une matière et une forme. D'une part, un contenu, d'autre part le respect de certaines proportions. Mandeville établit une analogie entre la société et un bol de punch.
(schéma)
Mandeville suppose que le tout est plus que la somme des parties. Mais il ne l'entend pas comme Auguste Comte. Chez Comte c'est le tout qui est la clé de cette composition. Chez Mandeville, c'est l'élément, la partie, la composante ... qui constitue une équilibre et un dynamisme.
NB : on ne compare plus la société à un tissu. Voir l'image Antique chez Platon dans Le Politique. On est sorti du modèle statique, on est entré dans l'âge des sociétés ouvertes et mouvantes. Une société suppose 4 qualités qu'il faut proportionner pour les rendre compatibles :
a- La cupidité = l'acidité du citron
Voir le désir de posséder, qui stimule l'esprit d'entreprise, c'est-à-dire la lutte contre l'inertie.
b- La prodigualité = le sucre.
Voir le goût de la dépense et du luxe, du superflu, de l'inutile. Une société doit produire.
c- La trivialité (ignorance, bêtise, crédulité) c'est-à-dire sensibilité à toutes les conduites grossières (démagogie) = l'eau (la foule et même la plèbe).
d- Les qualités "supérieures" qui font l'honneur de l'homme, c'est-à-dire le raffinement = le cognac : tout ce qui donne une valeur à notre existence en la posant au dessus des enjeux précédents (courage, honneur ...)
Mandeville parvient à rendre compte d'une réalité troublante. D'un part, nos sociétés se tiendront, elles auront une cohésion, une consistance malgré leurs divisions (la concurrence) et les faibles, les incompatibilités qui les travaillent. D'autre part, ces mêmes sociétés ont un avenir c'est-à-dire elles ne se contente pas de se perpétuer, de se reproduire. Elles s'adaptent (à des conjonctures, à l'imprévisible, etc ...)
Voir le sous titre : ce qui est un vice sur le plan privé (c'est-à-dire séparé) est en même temps une vertu et surtout un bénéfice et un bienfait pour le "peuple" c'est-à-dire pour le tout.
NB : Mandeville fait en gros l'équivalent d'une mise au point "machiavellienne" : l'auteur florentin dissocie la pratique politique de la pensée morale. Mandeville dissocie les sciences sociales et surtout l'économie de toute considération morale. C'est la société, c'est l'intérêt qui fixera le Bien et le Mal.
Critique : l'intérêt fit corps avec l'idée de besoin = une nécessité qui se traduit par le recours à une satisfaction. Or il est impossible de limiter la liste des besoins humains, c'est-à-dire il existe une vie "matérielle" mais l'existence humaine se traduit aussi par une existence "spirituelle" = une vide l'esprit (la culture etc ...) Et cette vie se caractérise par sa gratuité c'est-à-dire aucun profit mesurable et surtout comparable au profit matériel.
Voir l 10-11 : Mandeville évoque des qualités supérieures, mais il ne les sépare pas = il ne montre pas que leur statut est libre par essence.
Il nous faut réexaminer cet équilibre du profit avec ce qu'il refuse.
3- "L'insociable sociabilité"
La société serait l'oeuvre d'une ruse qui utiliserait l'intérêt (individuel) pour satisfaire une exigence supérieure : l'intérêt social ou collectif et par là, conduire au dépassement de tout intérêt. La société suppose une ruse de la nature qui utilise l'antagonisme pour produire l'ordre (c'est-à-dire le moyen c'est l'incompatibilité, la fin est la compatibilité).
Deux forces dans l'individu :
La première est centripète, c'est-à-dire chacun veut entrer dans la société. La seconde est centrifuge, c'est-à-dire chacun veut fuir le lien social (ce qui menace tout l'équilibre). Le modèle est ici la thèse de Newton : dans la nature, attraction et répulsion s'équilibrent.
NB :Il y a là une opposition réelle.
Autre exemple : deux hommes tirent sur une corde en sens contraire et à force égale. Leurs efforts se neutralisent mais l'activité est réelle (elle existe, notre pensée peut se la représenter). Bref, le résultat est quelque chose. Ne pas confondre avec l'opposition logique c'est-à-dire "cercle carré" c'est-à-dire deux termes qui produisent une contradiction = une incompatibilité dont le résultat est 0. L'insociable sociabilité relève de la contrariété, c'est-à-dire deux forces contraires (et surtout pas de la contradiction).
La tendance à l'association nous élève vers l'universel = la raison = une force qui dépasse l'individu et même l'humanité. (l'homme c'est la raison finie, ce n'est pas toute la raison).
Problème : l'insociabilité traduit un fond d'égoïsme c'est-à-dire chacun privilégie son intérêt et perçoit tous les autres comme disposés de la même façon.
Chacun est avant tout une liberté, c'est-à-dire une résistance aux contraintes. D'où le rejet de toute pression qui pourrait réduire cette liberté. Le propre d'une liberté est de n'en supporter aucune autre. Seconde moitié du texte : la nature a tenu compte d'une alternative : soit l'insociable sociabilité soit les Bergers d'Arcadie.
1er cas : un animal qui connait la violence, le mal, etc … qui peut détruire et doit chercher les moyens de vivre en harmonie. D'où, les lois, les interdits, les contraintes, puisque la concorde n'est pas spontanée.
2nd cas : une existence quasi animale. Nul besoin des lois, mais en même temps aucune oeuvre humaine. Ces bergers ne se sont donné aucun mal. Ils n'ont pas à lutter contre des "prétentions égoïstes". La nature devait trancher.
1er cas : elle utilisait des talents : les ressources de l'espèce humaine. Voir la raison, la liberté …
2nd cas : la nature laisse les talents de l'homme à l'état germinatif, c'est-à-dire virutels (ils ne passent pas à l'acte). Ils demeurent en puissance.
Supposons que les hommes soient de braves bêtes. Dans ce cas, la nature reste incomplète et affectée d'une lacune béante. Voir l29-31. Il lui manque l'être libre, c'est-à-dire celui qui ne peut jamais devenir une chose. Il faut donc un être capable de mérite et de démérite, c'est-à-dire celui que forge sa propre existence.
Conclusion : l'insociable sociabilité n'est pas une tare, mais une chance. Elle nous donne accès à la vraie liberté.
Voir Fichte : "être libre n'est rien ; devenir libre c'est le ciel". C'est-à-dire une liberté spontanée n'est pas une vraie liberté. Celle-ci suppose un travail, une lutte contre la facilité et un mérite dont on a conscience. D'où la notion de satisfaction passive c'est-à-dire ce qui est donné et qui n'a rien coûté, ce qui n'apporte rien de spécifiquement humain. L'homme, c'est l'animal risqué qui connait l'envie, la rivalité, la concurrence, la domination.
Les petits animaux qui jouent s'entendent toujours bien, mais les petits hommes deviennent vite rivaux et ils aiment commander. L'empire leur plaît.
L'homme est libre, mais il en tire une réelle vanité. Aucun ne vaut mieux que l'autre, mais chacun est persuadé d'avoir ce que personne d'autre n'a. Ce qui n'est pas faux puisque chacun est unique et que la liberté surestime nécessairement cette propriété. L'unique devient l'inestimable, le hors de prix. Moralement, l'idée se justifie, mais à condition de détacher ce jugement de toute considération empirique. Chacun est irremplaçable, mais ce n'est pas par ses intérêts égoïstes, c'est plutôt par un intérêt très différent. Voir inter-esse c'est-à-dire être parmi les autres, en être. Chacun fait corps avec la société humaine pour des raisons empiriques et matérielles. Mais cela n'a de sens que par la fin visée = la liberté. D'où la notion de jugement, c'est-à-dire une faculté qui nous rattache à un sens commun.
Sens commun, trois maximes :
1- Penser par soi-même
2- Penser en se mettant toujours à la place de tout autre
3- Penser toujours en accord avec soi-même
C'est-à-dire 1- : penser sans préjuger c'est-à-dire l'esprit des Lumières c'est-à-dire ce qu'il libère l'entendement de sa minorité et de la superstition.
2- : la pensée élargie, c'est-à-dire capable de communiquer et d'éviter le dogmatisme = la clôture sur soi.
3- : la pensée conséquente, c'est-à-dire fidèle à soi-même et cohérente, c'est-à-dire non contradictoire.
Chacun doit rester libre de son jugement et en même temps être capable d'auto-critique. C'est pour cela qu'il lui faut la société = l'exposition à la critique (que tout autre peut m'opposer).
Du coup, un esprit libre ne craint pas les influences, il les accueille et il en fait une force. La liberté peut toujours s'approprier
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