mardi 24 mai 2011

Autrui ... Corrigé - P.

« Autrui est-il mon semblable ? » CORRIGÉ.

            « Se trouve autant de différence de nous à nous-mêmes que de nous à autrui ».
Problématisation : comme moi autrui est « né d’un homme et d’une femme ». Même s’il ne naît jamais identique. Le semblable naît ni complètement identique, ni complètement différent. Ce qui domine ici, c’est le congénère. Dois-je dire qu’entre autrui et moi, les convergences l’emportent sur les divergences ?

            1- Je dois le dire puisque c’est un fait (Rousseau)

            On ne peut pas nier une double appartenance commune à la même espèce. Une disposition anthropologique qui juxtapose un élément non générique (animal) et un élément générique (=humain). Le premier est l’équilibre de l’amour de soi et de la pitié. Le second est la perfectibilité, c’est-à-dire ce qui peut développer une liberté d’invention (culture, histoire) avec la possibilité de la raison et de la déraison. 

            Critique : ces qualités nous donnent un sentiment de soi qui n’est pas encore une conscience de soi, c’est-à-dire la présence d’autrui est comme présupposée, elle n’est pas rencontrée comme présence, c’est-à-dire même une résistance, quelque chose qui nous éprouverait.

            2- Ce « je dois » n’a aucun sens

            Ce « je dois » n’a aucun puisque le seul fait, c’est la différence, ce duel irréductible. Voir Hegel : le rapport à autrui se fonde sur désir de reconnaissance. Le titre d’être humain n’est pas accordé sans preuves. Il faut prouver qu’on vaut mieux que la simple survie biologique et qu’on est digne de la liberté à laquelle on prétend. D’où un heurt, une rencontre faite de concurrence. On ne se pose qu’en s’opposant. Chacun est prétendant au titre de conscience de soi, mais il le fait face à des semblables qui sont des négateurs.
            Critique : La violence est une relation de fait et non de droit. Elle fonde à la rigueur un ordre qui peut virer au cynisme et nul ne peut en tirer une légitimité. Nous pouvons fonder une société de semblables qui se supporteront réciproquement, sans percevoir chez autrui l’idée d’un droit, d’une aspiration à la justice.

            3- Je dois (dire qu’autrui est mon semblable) mais ce « je dois » est une obligation

            Ce « je dois » est un rapport de droit et non de fait. Il rend possible un authentique rapport à autrui, un tissu de convergences et de divergences. Voir l’impératif catégorique, 2ème formule : « Traite humanité dans ta personne comme dans celle d’autrui toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen ».
La convergence la plus profonde, c’est celle des sujets libres que nous sommes tous en droit (sinon en fait).

            PLAN B :
            1- Je dois le dire puisque c’est un fait
Critique : nous présupposons l’identité personnelle c’est-à-dire je=je et nous prétendons ainsi dire : »mon semblable ». Nous supposons que la référence c’est-à-dire je ou moi ici, mon semblable est sans mystère. Ce n’est pas certain.

            2- Autrui n’est pas mon semblable aussi longtemps que je ne le suis pas moi-même (Hume)

            Nous examinons nos propres états d’âme, mais nous ne voyons pas d’unité réelle qui conduirait à affirmer une identité personnelle.
            Par exemple : nous observons des états de conscience très hétérogènes et nous constations qu’ils pouvaient se rapporter à des sujets séparés et différents.
Supposons qu’on découle le « moi » en différentes parties, chacune pourrait contenir en elle un moi isolé (sans rapport avec les autres).
Expérience extrême, mais fréquente : le sommeil sorte de phase qui supprime l’activité reconnaissable du moi, sorte de trou-noir. L’équivalent d’une mort momentanée. Par la pensée, aucune unité n’apparaît. C’est le corps qui nous donne comme un fil conducteur comme pour enfiler les états du moi. Et, le corps lui-même n’est pas soustrait aux changements. Voir Montaigne : pour moi-même, je suis autrui = je ne sais plus qui est le semblable (de moi).
            Critique : nous tenons ici une critique de fait, c’est-à-dire un argument qui rend fragile le moi. Mais le risque est d’abolir toute responsabilité = toute faculté que posséderait le moi de répondre de ses actes. Chacun répond de ce qu’il décide face à autrui. Le statut d’être humain nous prescrit de comparaitre devant une juridiction qui peut être un autrui extérieur, mais aussi cet autre que chacun porte en lui, sa conscience.

            3- Mon semblable, c’est-à-dire la conscience universelle que je partage dans et par la moralité

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