TEXTE DE KANT – LECTURE ANALYTIQUE
Une illusion bien partagée veut que la puissance de la liberté échappe à ceux qui n’en ont pas la maturité (peuples en révolution, cerfs, fidèles … ) Cette présupposition méconnait le paradoxe de tout commencement. Il ne s’agit pas ici d’une régression mais d’une réflexion. On ne peut pas déterminer un point de départ, mais on peut favoriser une prise de conscience. Commencement dit : on ne peut devenir que ce qu’on est déjà. Les Lumières nous enseignent que la liberté suppose la raison. Toutes deux s’apprennent dans la douleur et le risque. L’homme ne se les donne pas par procuration (il lui faut des « tentatives personnelles », personnelles n’est pas un synonyme d’individuel). Personnel s’oppose à impersonnel. On ne peut apprendre que par soi-même, c’est-à-dire sans contrainte, et dans l’auto- nomie. Certes, le personnage politique professe une autre conviction : le « moralisme politique » = une pseudo-morale, calquée sur les urgences de l’action et le désir de conserver le pouvoir.
Voir la profession de foi du moralisme politique : « Je connais bien les hommes. Ils ne sont pas bons. Quand ils sont libres, c’est parce qu’ils obéissent. Il faut diviser pour régner. Commander sans se justifier. Nier les faits. Toute cela évite un usage « démocratique » du pouvoir, c’est-à-dire une illusion ruineuse. Ce discours, dit Kant, c’est le parfait cynisme, c’est-à-dire la réduction de l’humain à un statut de simple chose, dénuée de liberté. Il faudrait promouvoir la politique morale = fonder l’action politique sur le respect = libérer les sujets, leur donner une chance de progresser = se jeter à l’eau pour nager = devenir de vrais citoyens.
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