mardi 24 mai 2011

Le sentiment religieux .. Corrigé - P.

Le sentiment religieux conduit-il l’humanité au-delà d’elle même ? CORRIGÉ.

            Problématisation : L’homme se définirait comme animal doué de raison. Mais il semble ne pas se satisfaire de sa condition, comme si la quête de son identité supposait le dépassement de cette essence. Le sentiment religieux conduit l’homme hors de lui-même et au-delà de ses limites : l’individu vers le genre humain et ce genre vers le Tout qui l’englobe. Faut-il y voir la quête de l’homme cherchant définitivement sa vérité dans une surraison ?

            1- Le sentiment religieux conduit l’humanité dans une surraison

            La foi fait entrevoir à l’humanité l’existence d’un ordre supérieur qui fait mieux que la raison puisqu’il comprend de façon profonde et immédiate. Voir le cœur selon Pascal (la raison n’est pas la totalité de la pensée). L’homme est fier de pouvoir penser, mais il doit reconnaître sa dépendance à l’égard d’une connaissance radicale, plus forte que toute autre. Le cœur nous montre la voie de la charité, sentiment religieux par excellence c’est-à-dire ce qui porte à donner sans retour. Et du coup, il faut humilier la raison au même titre que les passions (l’orgueil, le moi). Ce cheminement nous indique une loi à découvrir et qui domine l’homme.
            Critique : comment s’assurer de ne pas être retombé en-deçà de la raison ?
Difficulté révélatrice : le cœur n’a pas d’unité réelle. Il parle aussi bien des axiomes de la géométrie que de la charité. D’où un risque de confusion.

            2- Le sentiment religieux conduit l’humanité dans une sous-raison

            Le sentiment religieux se prête trop souvent à un détournement de sens, à une dénaturation comme si sa présence devait tuer le sacré. En fait, la religion prête main forte à la raison pour favoriser un nivellement par le bas. Voir Nietzsche : le passage de l’époque tragique à sa négation par Socrate et Platon (l’optimisme théorique). Le sentiment religieux tendrait à tuer la liberté de toute individualité. Il introduit la décadence, la haine du corps et prépare le terrain, la raison comme expression du ressentiment (haine et dépréciation de la vie au nom d’une référence comme l’arrière monde, d’où la crise tardive : le nihilisme, c’’est-à-dire ce qui suit la mort du Dieu chrétien). Celui-ci a prêché une moralité inviolable : ne pas mentir. Mais il n’a pas tenu compte de ce cas particulier : ne pas se mentir. Du coup, la conscience chrétienne a accomplit le programme en refusant le leurre personnel et collectif. Du coup, l’homme a tué un certain dieu. Mais il l’a remplacé peu à peu par la raison moderne qui répète la décadence et le ressentiment, c’est-à-dire la vérité serait en dehors de la vie = dans un arrière monde accessible aux savants qui traversent les mensonges du corps, des sens … (ces éternels coupables).
            Conclusion : le suhromme est la figure qui peut accomplir le dépassement. Il sait qu’il y a une loi à inventer qui domine l’homme. « S’élever voilà ce que veut la vie, et en s’élevant, se dépasser » Nietzsche.
            Critique : ici encore, comment s’assurer que la pensée n’est pas tombée en-deçà de la raison ?  Nietzsche évoque le tragique comme une première fois passée, comme une nostalgie. Il ne peut pas le présenter vécu par les grecs du Vème, VIème siècle. La renaissance de Dionysos n’est pas une seconde naissance. D’où le risque d’une parodie involontaire et sinistre. Le surhomme serait alors l’autre nom de l’inhumain, c’est-à-dire d’un en-deçà de l’homme qui n’a même pas l’excuse de l’animalité.

            3- L’homme ne devient autre qu’en se faisant homme (au cœur de la raison)

            Ressaisir la signification rationnelle de la foi : l’homme ne se dépasse qu’en devenant tout ce qu’il a à être. Voir Kant : la raison nous prescrit la loi, c’est-à-dire l’universel, c’est-à-dire l’impératif catégorique. Le respect pour la loi, respect pur, le désintéressement, voilà le sentiment religieux. Il commande un amour pratique, c’est-à-dire dans l’action du respect par opposition à un amour de simple affection (qui ne se commande pas). Il s’agit de traiter autrui « toujours en même temps comme une fin ». Autrui est parfois un moyen c’est-à-dire il nous rend service. Mais c’est à nous de ne pas réduire ce moyen au statut de simple moyen (chose, instrument, esclave ..)
            Conclusion : l’homme se construit par une loi qui accomplit sa rationalité, son autonomie. Le sentiment religieux nous conduit à la raison véritable, celle qui déclare l’autonomie de notre liberté. L’homme se prescrivant sa propre loi.

           
            1- Soumission / 2- Insoumission / 3- Mission

« Tu ne me chercherais pas si tu m’avais déjà trouvé ». Pascal : une loi à découvrir.
« Vous ne vous étiez pas encore cherchés quand vous m’avez trouvé ». Nietzsche. C’est ce que font tous les croyants, et c’est pourquoi la foi est si peu de chose. C’est une loi à inventer.
« Deux choses remplissent mon cœur d’admiration : le ciel étoilé au dessus de moi, et la morale en moi ». Une loi qui construit l’homme. 

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