mercredi 11 mai 2011

Espace et temps : FDP - L.


L’ESPACE ET LE TEMPS


Introduction :
Où est-on ? Où va-t-on ?
Beckett a relu le début de la genèse pour écrire Fin de Partie.

- On est au théâtre, ou du moins ce qu’on voit ressemble à un plateau de théâtre, car il n’y a pas d’identification précise donnée.
Le décor n’est en fait pas encore mis en place. Beckett ne nous dit pas explicitement ce qui est représenté.

- « à moi de jouer » : C’est comme si Ham sortait d’une petite pause, et qu’il reprenait son jeu, dans une répétition ou dans une énième voire dernière représentation.

- On dirait que l’espace englobe le public : ils sont inclus dans le dispositif.

- Il faut attendre la p86 pour avoir une idée de ce qu’on peut apercevoir à travers les fenêtres (très hautes au demeurant).
P112 : on est toujours dans l’interprétation du lieu comme un théâtre.

- Il y a une mise en abyme : peut être que Beckett nous montre la fin d’une mise en scène.

- p100 : le jeu avec l’escabeau a une symbolique particulière : Clov en a assez de jouer et rejouer cette même scène, de fait, il descend de l’escabeau pour marquer son désaccord.

- Il est paradoxal de commencer une pièce par la phrase « Fini, c’’est fini, ça va finir, ça va peut être finir ». Fin de partie serait un peu comme une ultime répétition.

- Il y a un espace hors scène qui serait en fait une salle, et même une cuisine. Mais une cuisine d’un genre particulier, puisque c’est un cube parfait. Elle rappellerait alors les coulisses ou les loges, qui peuvent aussi ressembler à un cube. Sans oublier qu’Ham le siffle pour qu’il revienne. Or, dans le théâtre, quand c’est au tour d’un acteur de jouer, on émet un petit bruit.

- Puis la fonction de l’endroit change encore : « dans le refuge aussi ». L’espace qu’on a sous les yeux est peut être celui qui a été sauvé. « Hors d’ici, c’est la mort ».
A la base, le dcor est sans affectation, on le découvre progressivement. 

- D’autres indications conduisent encore à considérer cet espace autrement : « Fais moi faire le tour du monde ». Ce monde serait restreint (ce serait leur univers), et Ham voudrait en être le centre. D’ailleurs, le mur qui limite l’espace devrait être rassurant : c’est un vieux mur. L’au delà fait peur : « l’au delà c’est l’autre enfer ». Comme si cet espace aussi était un enfer.
Il y aurait donc deux enfers : au delà du mur, et de ce côté-ci du mur.
C’est un espace sans issues.

- Le souci de perfection de Ham, qui tient absolument à être au centre semble absurde mais signifie que Ham a le pouvoir. De son fauteuil, il dirige les choses.

- La situation des personnages est une sorte de fin du monde. Cet espace est peut être l’anti arche de Noé : les êtres enfermés là sont deux vieillards infirmes. L’humanité est faite d’éclopés et de deux hommes, donc pas d’espoir de vie nouvelle.
Beckett joue ici sur différents mythes.

- p54 : « qu’ici nous sommes dans un trou ». C’est une sorte de fin de l’humanité.

- Il n’y a pas de progression logique, les choses se superposent les unes aux autres.
- Il faut attendre la p51 pour que l’espace vu soit présenté comme étant la maison de Ham : « Dans ma maison ». Cet espace serait donc sa propriété.

- Clov est plus radical et résigné que Ham : cette maison est comme un tombeau.

            Conclusion :

On a des espaces emboîtés, la pièce est englobée par un espace qui l’entoure (les fenêtres), lui-même entouré (les montagnes), lui-même entouré dans un espace infini (« tout l’univers »).
Clov est celui qui circule le plus dans cet espace. Il peut même aller dans une sorte d’extérieur : le cube. C’est le moins handicapé.
Il serait le fils adoptif de Ham. On aurait donc alors trois générations représentées.

Les cercles successifs pourraient représenter les âges de la vie. On décrit aussi une fatalité interne à l’homme : la vieillesse.

Le parcours : on est au théâtre, avant la fin du monde, en enfer.
On pourrait dire que c’est l’indétermination qui permet à Beckett de construire ce tragique moderne.

Moins il y a de choses sur scène, plus la présence des éléments est importante, forte.

Fin de partie serait une pièce qui à travers son dispositif scénique nous renvoie une image qui devrait être désespérante de la condition humaine.

A noter d’ailleurs que, comme pour les tragédies de Racine, on a un espace unique. Mais c’est un lieu glauque et fermé

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