LE CINÉMA AFRICAIN ET YEELEN
Sembène Ousmane :
A réalisé son premier long métrage en 1966 : La noire, dont le personnage principal est une bonne de Dakar. Le réalisateur a pour « objectif » de libérer le cinéma africain du poids de la colonisation.
Borom Sarret - 1963
C’est le premier film tourné en Afrique par un Africain. Toutefois, comme souvent dans le cinéma africain, on doit faire appel à des européens pour certains postes, faute d’un nombre suffisant de techniciens africains. C’est un court métrage de 18 minutes. On suit le personnage principal – un conducteur de charrette à Dakar – tout au long de sa journée de travail, ce qui permet de montrer différents quartiers, lieux, d’illustrer les contrastes.
Le Mandat : adaptation d’un de ses romans.
On peut noter chez Ousmane une influence néo-réaliste italienne (le Voleur de bicyclette, Umberto D.) Pourquoi ? Parce que le néo-réalisme nait avec une volonté de renouvellement + une volonté politique (et parfois même une influence chrétienne et communiste forte). Il pousse les réalisateurs à s’intéresser à des personnages du petit peuple et à la vie quotidienne.
Le cinéma de Sembène Ousmane laisse entrevoir une certaine situation politique et économique (contestable).
On note aussi la simplicité (voire peut être la pauvreté) des moyens : post synchronisation, voire même pas de prise de son directe.
Toutefois, bien que l’on soit dans un cinéma un peu social, l’aspect du conte et de la fable ressort notamment avec les rencontres successives, qui peuvent l’aider ou lui causer des difficultés. Ce à quoi s’ajoute la musique et le chant du griot (celui qui porte l’histoire de la communauté). Celui-ci apparaît d’ailleurs presque comme un escroc, et parfois (en général) comme celui qui apporte le malheur. Mais c’est aussi le seul qui parvient à faire sourire le personnage principal.
Dans le cinéma Africain, les lieux eux-mêmes ont une importance capitale. C’est une valeur commune à de nombreux films. Le cinéma Africain est un cinéma qui montre l’Afrique. Il témoigne de ce qu’on y voit, des façons de faire. C’est une découverte de la réalité africaine.
Toutefois, on peut reprocher au cinéma africain d’être un cinéma sans événement, car c’est souvent un cinéma qui interroge les rapports entre les gens. (Ici, entre l’homme et la femme). Ces rapports sont parfois tendres, parfois durs.
Dans Yeelen, on témoigne des rapports avec les ascendants, mais aussi de la transmission : d’une génération à l’autre. D’où le conflit père / fils.
Rabi – 1993 – Gaston Kaboré
Gaston Kaboré vient du Burkina Faso, son film retrace l’histoire d’un petit garçon qui se lie d’amitié avec une tortue.
Une fois de plus, on peut noter l’importance des relations fils / père / grand père, mais aussi celle de Rabi avec sa mère.
Ce à quoi s’ajoute encore une fois la question de la transmission : que retient-on de la génération précédente ? Cette question n’est pas univoque, elle est à double sens.
Par ailleurs, dans les postures des personnages, il y a quelque chose de différent par rapport à la culture européenne.
D’ailleurs, contrairement à certains idées reçues, la parole est restreinte. Les choses se disent souvent de façon détournée. La parole doit être prononcée avec respect. Les échanges répondent à des rapports d’âge et de respect.
Le rythme du film est assez identique à celui de Yeelen. On note une forme de lenteur (qui est souvent reprochée au cinéma africain), avec des plans souvent longs où on laisse l’action se dérouler. Quant aux personnages ils délivrent la parole plutôt lentement.
Mais le cinéma africain assume cette lenteur.
Quant aux décors, ils ne sont pas vraiment des décors, ce sont des lieux, et parfois même des personnages. Par exemple la colline.
Dans le cinéma Africain, l’importance des lieux est marquée, ainsi on s’adresse aux lieux eux-mêmes. On dénote ainsi un rapport à la nature, voire au cosmos, c’est-à-dire à l’ensemble du monde. On nous montre des personnages et des événements (des lieux) qui jouent un rôle : ceci marque une façon de voir le monde qui ne sépare pas l’être humain du reste.
Anamorphose : dessin qui peut être vu sous un point de vue différent.
L’image, c’est ce que je propose au spectateur, c’est un spectacle fait pour être vue d’un point de vue extérieur. Pour le regarder, il faut que je m’en détache et que j’embrasse le monde de mon regard. Le monde devient une chose que je regarde. Cela traduit le rapport que nous avons alors au monde. Alors que je suis inclus dans ce monde, j’ai des relations avec l’ensemble de ce qui le constitue.
Sans soleil - Chris Marker
Film qui rapproche un continent et un pays qu’on aurait pas idée de rapprocher : l’Afrique et le Japon. La « similitude » se trouve dans un rapport aux choses, au cosmos différent de celui qui prévaut en Occident. Par exemple, il existe au Japon une fête pour les objets cassés. Ce rapport aux objets nous semble étrange, à nous, occidentaux.
Dans le film, tous les objets prennent une importance, notamment les poteries. Le travail de la matière n’est pas un détail, ce travail a une réelle importance, notamment celle des gestes.
On est aussi dans un autre rapport aux animaux. Au début, pour l’enfant, c’est une sorte de chose. Il donc lui aussi une initiation, par le rêve mais surtout le dialogue = preuve d’une proximité hommes / animaux.
Le cinéma Africain revendique un rapport à la tradition qui lui permet d’échapper à un mode de pensée occidental voire aussi au « rapport colonial ». Le cinéma africain apporte quelque chose dans la façon d’appréhender le monde.
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